L’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS) vient de publier « la première cartographie régionale de l’épidémie du VIH en France ». Elle met en évidence les disparités d'une région à l'autre.Sans surprise, La Guyane, la Martinique et la Guadeloupe sont les régions les plus touchées par le virus du SIDA.
En France, le nombre de nouvelles infections ne diminue pas. L’Île-de-France, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe sont les régions les plus touchées. Cette cartographie, réalisée en partenariat avec l’Inserm et l’InVs, révèle que « le nombre de nouvelles infections au VIH était le plus élevé en Guyane (18 pour 10.000), Guadeloupe (7 pour 10.000), Ile-de-France (4 pour 10.000) et Martinique (3 pour 10.000) ».
La cartographie met aussi le doigt sur le temps écoulé entre l’infection et le diagnostic médical. Là encore, les temps les plus élevés se concentrent en Outre-mer: 4,2 ans pour La Réunion et 4 ans pour la Guyane alors que la moyenne nationale est de 3,3 ans.
Carte illustrant les délais médians entre infections et diagnostic par département
« Le retard au diagnostic se traduit par l’existence et le maintien d’une « épidémie cachée », c’est-à-dire d’un nombre de personnes qui ignorent leur séropositivité », explique l’ANRS. Et le nombre de personnes qui ignorent leur séropositivité « était le plus élevé en Guyane (66 pour 10.000 habitants), en Guadeloupe (27 pour 10.000), en Martinique (13 pour 10.000) et en Ile-de-France (9 pour 10.000) ». Maintenant que l’ANRS dispose d’une cartographie complète, l’objectif sera désormais d’intensifier et de cibler la lutte, de la prévention au dépistage. « Ces estimations vont permettre d’adapter les réponses aux besoins spécifiques de chaque région, et dans chaque région auprès des populations les plus touchées par le VIH, et par la suite d’évaluer l’impact de ces réponses sur l’épidémie du VIH », conclut l’ANRS
Le nombre des personnes ignorants sur leur séropositivité (pour 10 000 habs)
Le nombre de nouvelles infections par départements
Les populations les plus affectées par le VIH dans chaque région française ne sont pas les mêmes. En Ile-de-France, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Rhône-Alpes, les trois régions les plus touchées, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont surreprésentés. En Ile-de-France et en Rhône-Alpes s'ajoutent les personnes hétérosexuelles, femmes et hommes, nées en Afrique subsaharienne. En Guyane et en Guadeloupe, l’épidémie est principalement concentrée chez les femmes et hommes hétérosexuels nés en Amérique Latine ou en Haïti.
Cette étude met donc en évidence une répartition géographique de l’épidémie très hétérogène, mais également une épidémie concentrée dans certaines régions, avec plus de 50% des nouvelles infections du VIH et des personnes ignorant leur séropositivité regroupées dans trois régions de la métropole (IDF, PACA et Rhône-Alpes) et des taux très élevés dans les départements français d’Amérique (Guyane, Guadeloupe et Martinique). Cette forte concentration de l’épidémie dans un nombre réduit de régions donne l’opportunité d’intensifier les programmes de prévention et de dépistage dans ces régions pour avoir un impact significatif sur la transmission du VIH en France.
C’est la première fois, en France, que sont produites des estimations au niveau local pour les trois principaux indicateurs épidémiologiques permettant de suivre la progression de l’épidémie et l’accès au diagnostic du VIH. Cette cartographie détaillée va désormais permettre à l’ANRS d’intensifier et de cibler les programmes de prévention et de dépistage pour répondre aux besoins spécifiques de chaque région.