Hier nous évoquions la mort d'Adama, jeune franco-malien de 24 ans, mort lors de son arrestation le jour de son anniversaire. Son décès avait provoqué la colère de ses proches et des habitants de son quartier, colère qui s'était transformée en émeutes. Aujourd'hui l'autopsie voulu par la justice a été dévoilée.Verdict : Le jeune homme décédé avait une «infection très grave», pas de traces de violences...
Sa mort a provoqué la colère du quartier de Boyenval de Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise). Décédé mardi après avoir été interpellé par les gendarmes, Adama Traoré souffrait «d'une infection très graves touchant plusieurs organes», a déclaré jeudi le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, citant les résultats de l'autopsie du jeune homme de 24 ans. Le médecin légiste n'a par ailleurs pas relevé de «traces de violences significatives».
La cause de la mort d’Adama Traoré, 24 ans, « semble être médicale chez un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours », a poursuivi le magistrat. L’autopsie montre, selon le procureur, que « manifestement cette personne n’aurait pas subi des violences, comme certains membres de sa famille ont pu le dire ». Des examens complémentaires, notamment bactériologiques et toxicologiques, seront ordonnés pour avoir un « panel d’examens absolument complet »
Depuis sa mort, intervenue au moment de son arrestation par les gendarmes, des violences ont éclaté dans les communes voisines de Beaumont-sur-Oise, de Persan et de Bruyères-sur-Oise. Dans la nuit de mercredi à jeudi, neuf personnes ont été interpellées et placées en garde à vue pour des faits « d’attroupements armés, incendies volontaires et jets d’objets incendiaires sur les forces de l’ordre », selon le directeur de cabinet du préfet du Val-d’Oise, Jean-Simon Mérandat.
Le jour de sa mort, Adama Traoré n’était pas dans le viseur des autorités. Selon la gendarmerie nationale et le parquet de Pontoise, c’est l’un de ses frères que les gendarmes venaient interpeller devant la bibliothèque de Beaumont-sur-Oise, le 19 juillet, dans le cadre d’une enquête préliminaire dans laquelle plusieurs personnes sont soupçonnées d’extorsion de fonds.
Malgré l'autopsie, la famille et ses proches dont notamment sa mère réfutent la thèse du problème cardiaque. Le frère persiste dans ses déclarations selon lesquelles : il aurait retrouvé Adama « au sol, les mains menottées dans le dos ». « Mon frère est entré vivant dans le camion quand ils l’ont arrêté, il en est sorti mort. Mais Adama n’a pas eu de crise cardiaque, ils l’ont tabassé » : « On a été interpellé avec mon petit frère. Ils l’ont coursé, ils l’ont frappé, je l’ai vu. Il était pour mort, il était encore menotté. Mon frère ne bougeait plus et de 18h jusqu’à 1h du matin son corps est resté à la gendarmerie. J’ai vu le gendarme, il est parti avec un t-shirt tout blanc et il est revenu avec un t-shirt plein de sang. Il a pas de plaie, c’est le sang de mon frère qu’il a sur le t-shirt. Il n’y a pas de crise cardiaque, ce sont eux qui l’ont frappé. »
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a annoncé qu’il allait enquêter sur les circonstances de la mort. « Un seul objectif doit prévaloir, partagé par toutes les personnes impliquées : la recherche de la vérité », indique dans un communiqué M. Toubon, qui « lance un appel solennel au calme ».
Sur place, les émeutes continuent et l'état tente de minimiser ce qui pourrait ressembler aux émeutes de 2005.