Durant quatre cent ans, l'Afrique a été saignée à blanc. Des millions de ses enfants sont partis de force vers les Amériques. Quatre cent ans de misère, de racisme, de violence, de travail forcé pour le plus grand plaisir du Royaume-Uni, de la France, du Portugal, de l'Espagne et des Etats-Unis. Des pays qui se sont enrichis considérablement tandis que l'Afrique, les Caraïbes et les populations noires des USA ou du Brésil sont encore très pauvres.
Les Etats-Unis, Le Royaume-Uni, la France, les Pays Bas, le Portugal et l'Espagne ont en commun un passé douloureux, celui de l'esclavage et de la traite négrière. Dès la découverte des Amériques et le début des explorations du littoral de l'Afrique, les européens s'adonnèrent à un commerce juteux en profits mais inhumain dans la forme. Durant quatre cents ans, l'Afrique a été saignée à blanc. Des millions de ses enfants sont partis de force vers les terres d'Amérique afin d'abreuver les bouches occidentales. Quatre cent ans de misère, de racisme, de violence, de travail forcé pour le plus grand plaisir de l'Europe et des Etats Uni. Pays qui se sont enrichis considérablement tandis que l'Afrique, les Caraïbes et les populations noires des USA ou du Brésil sont encore très pauvres. Aujourd'hui encore l'Afrique et les terres d'Amérique peine à décoller économiquement. Nombreuses sont les voix qui s'élèvent de part et d'autre de l'océan Atlantique qui réclament des réparations. Ce que l'Europe feint d'ignorer.
1) LES USA :
Si aujourd'hui les Etats-Unis sont une nation économiquement avancée, très longtemps première économie mondiale, c'est en partie grâce au système esclavagiste qui a perduré jusqu'à l'adoption du XIIIe amendement en 1865, interdisant l'esclavage aux Etats-Unis et dans ses territoires. L'esclavage dans ce qui devint les USA, commença en 1619 peu après l'installation des premiers colons britanniques en Virginie. Comme pour les pays d'Europe, un esclavage à fondement racialiste s'institutionnalisa progressivement, à un rythme variable selon les colonies, dans la seconde moitié du xviie siècle, sous l’effet de décisions de justice et d'évolutions législatives. Progressivement aboli dans les États du Nord du pays dans les années qui suivirent la Révolution américaine, l'esclavage occupait une position centrale dans l'organisation sociale et économique des Etats du Sud. Les esclaves noirs étaient envoyés dans les plantations de tabac, de canne à sucre puis de coton, qui s'imposa au xixe siècle comme la principale culture d'exportation du pays. Au total, les Treize colonies puis les États-Unis firent venir environ 600 000 Africains, soit 5 % du total des esclaves déportés vers les Amériques, jusqu'à l'interdiction de la traite atlantique en 1808. Avant la guerre de Sécession, le recensement américain de 1860 dénombrait quatre millions d’esclaves dans le pays.
Dans les années 1820, un mouvement anti-esclavagiste, minoritaire mais extrêmement actif, s'organisa dans le Nord et, avec lui, un réseau d'aide pour les esclaves fugitifs, le Chemin de Fer clandestin ( Underground Rail Road). L'esclavage devint l'un des enjeux principaux du débat politique du pays. Malgré l'influence des abolitionnistes, les Etats du Nord étaient complices du système. En effet, de nombreuses entreprises de Wall Street tels que JPMorgan Chase, New York Life et la désormais défunte Lehman Brothers firent fortune en investissant dans le commerce des esclaves, activité économique la plus rentable des 350 ans d’histoire de New York. L’esclavage fut si important pour la ville que New York était l’une des municipalités urbaines les plus pro-esclavage du Nord. Selon le magazine Harper’s (Novembre 2000), les États-Unis ont volé un montant estimé à 100 000 000 000 000 de dollars pour 222.505.049 heures de travail forcé entre 1619 et 1865, avec un intérêt composé de 6%. Il faudra attendre la Guerre de Sécession et son flot de morts pour que l'esclavage s'arrête. Ceci ne mit pas au racisme. Bien au contraire dans le Sud des Etats-Unis, se mirent en place les Lois Jim Crow marquant le début de la ségrégation raciale, suivis de lynchages orchestrés par le Klu Klux Klan.
2) Le Royaume-Uni :
Même si le Royaume Uni est le deuxième pays (après le Danemark) dans le Monde à avoir abolit l'esclavage puis interdit la Traite négrière, son économie a quand même bénéficié largement du système esclavagiste. Dès 1500 les britanniques partirent à la conquête de territoire. Selon des estimations très modestes, environ 12 millions d’Africains furent vendus comme esclaves dans les colonies britanniques du continent. Dans les seuls navires britanniques, 3,25 millions d’Africains furent expédiés. Ces voyages furent souvent très rentables. Par exemple, au XVII° siècle, la Royal Africa Company pouvait acheter une esclave africaine avec des marchandises commerciales à une valeur de 5 $ et la revendre aux Amériques 32 $, faisant un bénéfice net moyen de 38% par voyage. Avec l'influence des mouvements abolitionnistes, le 02 Mai 1807, le Royaume Uni interdit la traite atlantique, c'est-à-dire la déportation des Africains en Amérique, où ils doivent travailler sur les plantations de coton ou de canne à sucre. En 1833, la Couronne britannique fut l'un des premiers pays à abolir définitivement l'esclavage.
3) La France :
Avec plus de 1,6 millions d’esclaves africains transportés vers les Antilles, la France fut clairement un acteur majeur dans le commerce des esclaves. Ses ports négriers contribuèrent grandement aux progrès économiques du pays entre le XVII° et le XVIIIe siècle. Beaucoup de ses villes de la côte ouest, comme Nantes, Lorient, La Rochelle et Bordeaux, Le Havre bâtirent leur richesse grâce aux principaux bénéfices du commerce triangulaire. Entre 1738 et 1745, de Nantes, leader des ports négriers de France, 55 000 esclaves furent embarqués, dans 180 navires, pour le Nouveau Monde. De 1713 à 1775, près de 800 navires négriers partirent de Nantes. Le revenu et les taxes de la production de sucre esclavagiste devinrent une source importante du budget national français. Chaque année, plus de 600 bateaux visitèrent les ports d’Haïti pour transporter son sucre, café, coton, indigo, cacao et consommateurs européens. Avec la Révolution de 1789, de grands changements politiques s'opérèrent sur le territoire métropolitain, sauf dans les territoires d'Amérique (Haïti, Guadeloupe, Tobago) et l'île Bourbon (aujourd'hui La Réunion). La demande d'émancipation des noirs commença à Saint Domingue, où les mûlatres et métisses demandèrent les mêmes droits que les blancs. Droit qu'on leur accorda à la suite d'une joute politique entre eux et les blancs de classe des grands propriétaires terriens. Face à cela, les noirs entamèrent des révoltes sanglantes pour la reconnaissance de leur droit. Il fallut attendre le 4 Février 1794 pour que la Convention, abolisse enfin l'esclavage dans toutes les possessions françaises. Cette décision aura des conséquences politiques dans les îles à sucre. Sur une proposition des députés René Lavasseur, Delacroix et Danton, l'esclavage est aboli sur tout le territoire de la République Française. A la tribune, les représentants de Saint-Domingue, principale colonie française, sont ovationnés. La loi du 16 pluviôse an II est transgressée dès 1799 quand la traite reprendra au Sénégal. En 1802, le Premier consul Napoléon Bonaparte rétablira l'esclavage en France, ce qui aura des conséquences politiques : Saint Domingue devint indépendante après des années de guerre en 1804 tandis qu'à la Guadeloupe, Delgrès, Ignace et les soldats noirs se sacrifièrent pour leur liberté. L'esclavage fut définitivement aboli en 1848.
4° Pays-Bas :
La Compagnie des Indes Occidentales hollandaise (CIO), une société agréée de marchands hollandais, fut créée en 1621 comme un monopole sur le commerce des esclaves africains vers le Brésil, les Caraïbes et l’Amérique du Nord. La CIO avait des bureaux à Amsterdam, Rotterdam, Hoorn, Middelburg et de Groningue, mais un quart des Africains transportés à travers l’Atlantique par la société furent transférés dans les navires négriers depuis Amsterdam. Presque tout l’argent qui finança les plantations esclavagistes du Surinam et des Antilles venait de banquiers à Amsterdam, tout comme un grand nombre de navires utilisés pour transporter les esclaves y furent construits.
5° Le Portugal :
Le Portugal fut le premier de tous les pays européens à s’impliquer dans la traite négrière transatlantique. Du XVe au XIX° siècle, les Portugais exportèrent 4,5 millions d’Africains comme esclaves vers les Amériques, ce qui en fait le plus grand trafiquant d’êtres humains en Europe. Le travail esclave était la force motrice de la croissance de l’économie sucrière dans la colonie portugaise du Brésil, mais aussi du Cap Vert, de Sao Tomé é Principe dont le sucre fut le principal produit d’exportation de 1600 à 1650. Des gisements d’or et de diamants furent découverts au Brésil en 1690, ce qui suscita une augmentation de l’importation d’esclaves d’Afrique pour alimenter ce nouveau marché rentable. Le Portugal aboli finalement l'esclavage par un décret du 12 février 1761 du Marquis de Pombal mais il ne fut officiellement aboli au Brésil qu'en 1888. Aujourd'hui, le Brésil compte 200 millions d'habitants, dont 44% sont de noirs et de métis, ce qui en fait le pays le plus métissé et le deuxième pays avec le plus de noirs, après l'Afrique.
6° L’Espagne :
À partir de 1492, l’Espagne était le premier pays européen à coloniser le Nouveau Monde, où ils établirent un monopole économique dans les territoires de la Floride et d’autres parties de l’Amérique du Nord, du Mexique, de Trinidad, de Cuba et d’autres îles des Caraïbes. Les populations autochtones de ces colonies périrent pour la plupart de maladies ou d’asservissement, de sorte que les espagnols furent forcés de compter de plus en plus sur le travail des esclaves africains pour gérer leurs colonies. L'esclavage des noirs ne fut aboli qu'au moment des indépendances de ces territoires soit entre le XIXe début XXe siècle. Par exemple, Simon Bolivar aboli l'esclavage en Grande Colombie ( aujourd'hui Colombie,Venezuela, Panama qui était rattaché à la Colombie et l'Equateur) dès 1816 à Porto Rico il fut aboli en 1873 tandis qu'à Cuba, l'esclavage fut aboli en 1886 après deux guerres d'indépendance au cours desquelles prirent part des millions de noirs.