Deux noirs abattus par la police en l'espace de vingt-quatre heures. La nouvelle a de quoi ébranlée la société américaine. Ils s'appelaient Alton Sterling et Philando Castile, deux noirs, le premier vendait des cd devant un centre commercial. Le second était au volant de son véhicule avec sa famille. Ces deux meurtres commis par des officiers prouvent que la situation des noirs aux USA est loin d'être terminée.
Deux afro-américains tués par la police en moins 24 heure, les Etats-Unis peinent à croire ce qui s'est déroulé hier. Ils s'appelaient Alton Sterling, Philando Castile, deux afro-américains sans histoire dont la seule culpabilité fut d'avoir été noir dans le pays le plus raciste du monde : les Etats-Unis d'Amérique pays de la liberté ! Que savons nous ?
Alton Sterling était un père de famille de 37 ans, résidant de la ville de Bâton Rouge dans l'Etat de Louisiane, il vendait des CD sur le parking d'un centre commercial, lorsqu'une patrouille de police le contrôla. S'en suivit une altercation avec les deux officiers de police. Selon Carl Dabadie, chef de la police locale, Alton, "à l'arrivée des policiers, Sterling était armé et l'altercation qui a suivi s'est conclue par la perte de sa vie". Mais selon les témoignages du propriétaire du supermarché devant lequel Alton a été assassiné, l'homme n'était pas dangereux, il demandait simplement la raison de son arrestation. En réponse les policiers l'ont plaqué sur le sol, ce qui engendra une bagarre et l'un des policiers dégaina son arme à feu pour tirer six fois sur le père de famille.
La mort de l'homme a immédiatement réveillé le spectre du racisme dans la police américaine, régulièrement accusée de brutalités contre les Afro-Américains. Mercredi soir, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Baton Rouge pour allumer des bougies sur les lieux de la mort d'Alton Sterling.
Face à la colère des habitants mais aussi celle émanant des quatre coins des Etats-Unis, les autorités américaines ont lancé mercredi une enquête fédérale sur l'homicide par balle.
Meurtre d'Alton Sterling filmée par son amie
Moins de 24 heures, dans la ville de Saint Paul l'Etat du Minnesota, le choc, l'émoi, la colère, la cause ? Une vidéo devenue virale sur la toile, dans laquelle on y voit une femme filmer l'agonie de son copain tué de cinq balles par un policier. La victime se nommait Philando Castile,elle avait 32 ans. Philando Castile était employé d'une cantine scolaire sans antécédent judiciaire. Dans cette vidéo très dure, on y voit l'homme sur le siège conducteur, avec de larges tâches de sang sur son t-shirt. Cette vidéo a été vue plus d'1,7 million de fois.
"Oh mon Dieu, ne me dites pas qu'il est mort, ne me dites pas que mon petit ami s'en est allé juste comme ça... Vous lui avez tiré quatre balles dessus, monsieur".
Ainsi, dans la vidéo, la femme explique que son petit ami était en train de chercher ses papiers lorsque le policier lui a tiré dessus. Leur petite fille se trouvait à l'arrière. Selon la femme, le policier avait demandé ses papiers au jeune homme . Il a expliqué qui'ils se trouvaient dans son portefeuille.
«Je lui ai dit de ne pas le prendre. Je lui ai dit de sortir ses mains...Vous venez de lui tirer quatre balles, monsieur. Il voulait simplement vous remettre son permis de conduire et son certificat d’immatriculation.» Continue de crier la dame au policier qui vient de tuer son compagnon. Il est vrai que l'officier lui avait intimé l'ordre de ne pas bouger mais alors que l'homme remettait les mains en l'air, le policier aurait tiré quatre fois dans les bras.
Dans la foulée 200 manifestants se sont rassemblés devant la résidence du gouverneur de l’État du Minnesota, Mark Dayton, pour réclamer son intervention. Le gouverneur de l'Etat Mark Dayton réclame une enquête fédérale indépendante à l'instar de la procédure engagée mercredi à la suite de faits similaire à Bâton rouge en Louisiane.
La vidéo a provoqué de vives réactions sur tous les réseaux sociaux – les images diffusées en direct sur Facebook restent accessibles par la suite sous la forme d’une vidéo classique. Les réactions ont été d’autant plus vives qu’il s’agit de la deuxième fois en deux jours qu’un noir américain est tué par la police et que des images liées aux tirs sont diffusées en ligne. Mardi, à Bâton-Rouge (Louisiane), un Afro-américain de 37 ans a été tué par la police. Des images accablantes, filmées au téléphone portable, montrent les policiers ouvrir le feu à cinq reprises sur l’homme alors qu’il est maintenu au sol par des policiers. Diffusées en ligne, elles ont provoqué un scandale national et ils sont nombreux.
Les réactions abondent à commencer par celle de DRAKE :
Ou encore celle de Barack Obama qui s'exprimait dans la journée lors d'une conférence de presse, à son arrivée à Varsovie. Le premier président noir de la nation américaine, parle de faits graves, ainsi selon lui, ces faits sont le symbole d'un "grave problème" dans la société américaine. En poursuivant, le président à déclarer qu'il faut "Admettre que nous avons un grave problème ne contredit en rien notre respect et notre reconnaissance envers l'immense majorité des policiers qui mettent leurs vies en jeu pour nous protéger au quotidien". De plus, le président des Etats-Unis a appelé la police américaine à se réformer.
La candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, a regretté une "tragédie", dans un communiqué. "Il y a un vrai problème lorsque tant d'Américains ont des raisons de croire que notre pays ne considère pas qu'ils ont autant de valeur que d'autres à cause de la couleur de leur peau", a-t-elle ajouté.
Comme nous le constatons, ces deux meurtres commis par des officiers prouvent que la situation des noirs aux USA est loin d'être terminée. Souvenons de Michael Brown adolescent, abattu le 9 août 2014 par six coups de feu tirés par Darren Wilson, policier à Ferguson, dans l'Etat du Missouri, ce qui avait entraîné de grandes émeutes et l'émergence du mouvement Black Live Matter, suite à l'acquittement du policier Darren Wilson. Il y a eu aussi l'affaire Tamir Rice, 12 ans abattu par la police à Cleveland, alors qu’il se trouvait sur une aire de jeu en possession d’un pistolet à billes. Ou encore, la triste affaire Walter Scott, père de famille afro-américain abattu, de plusieurs balles dans le dos par un policier en Caroline du Sud, mais aussi Freddie Gray ou encore Eric Garner, sans oublier Jerame Reid, 36 ans tué lors d'un banal contrôle routier devant son ami. Trop de noms, trop d'affaires, trop de familles endeuillées pour toutes les citées et pourtant aux USA, la police tue en toute impunité. La plupart des victimes de ces bavures sont les noirs.
Comme le révélait nos confrères du MONDE en 2015, les hommes Afro-Américains âgés de 15 à 34 ans ont représenté plus de 15 % des 1 134 personnes tuées par les forces de l’ordre. Toujours selon le quotidien, un jeune homme noir avait l’an dernier neuf fois plus de chances que n’importe quel autre Américain d’être tué par les forces de l’ordre, et cinq fois plus qu’un autre Américain du même âge. Environ un quart des Afro-Américains tués en 2015 n’étaient pas armés, contre 17 % des Blancs.
Face à la violence policière, les militants des droits civiques et contre les brutalités policières ont de plus en plus recours à des systèmes leur permettant de filmer le plus rapidement possible les images de confrontations entre des citoyens et la police. En l’absence de preuves indiscutables, les policiers suspectés de brutalités sont quasi systématiquement innocentés au tribunal, y compris lorsque de multiples témoignages les accusent. Les vidéos filmées par des témoins ou des caméras de vidéosurveillance sont au cœur de multiples procédures, pour certaines très récentes.