C'est finit, la centrale géothermique de Bouillante, considérée comme une innovation technologique, n'appartient plus à l'état français. Malgré les oppositions de la population guadeloupéenne, de certains politiques, hier, avait lieu la signature de l'accord final entre l'Etat et le géant Israélo-Américain : ORMAT TECHNOLOGIE. De quoi faire grincer des dents.
Après des mois de tractations, de divisions, d'oppositions à la vente de ce patrimoine économique, c'est finit ! La centrale géothermique de Bouillante a été vendue à ORMAT TECHNOLOGIES. C'est hier, au ministère de l’environnement que l’accord final a été signé par Ségolène Royal, en présence de Victorin Lurel. Le groupe américain ORMAT, leader dans le domaine de la géothermie, rachète la Centrale Géothermie Bouillante pour un montant d’environ 50 millions d’euros.
Pour la ministre Ségolène Royale ce rachat est un atout pour l'évolution de la centrale et du secteur : "Les étrangers sont bienvenus..ORMAT est un partenaire sérieux, mondialement reconnu". Pour Victorin Lurel ancien président de la Région Guadeloupe, le rachat de la centrale est même une bénédiction, pour l'avenir du secteur, il s'exprimait sur twitter en ces termes : "Géothermie Bouillante:les garanties sont là, 40% d'actionnariat public, 10M d'investissements. Merci Segolene Royal". Comme pour nous rassurer, la ministre atteste que l'Etat français n'abandonne pas totalement la centrale et les dix-sept employés qui y travaillent : Ainsi, la France garde un pied dans l’entreprise. Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) par sa filiale SAGEOS et la caisse des dépôts et consignations ont respectivement 20% de participations dans la centrale guadeloupéenne, ORMAT 60 %. Elle se rendra prochainement en Guadeloupe pour s’assurer que toutes les dispositions seront bien mises en place
Malgré l'enthousiasme autour de cette vente, en Guadeloupe, la pilule ne passe toujours pas. En effet, ils sont nombreux sur l'île à reprocher à l'Etat Français de brader cette richesse naturelle, à des américains. Beaucoup se demandent pourquoi l’Etat n’est pas parvenu à trouver un repreneur français. Comment la France peut se défaire d’une centrale présentée longtemps comme une innovation technologique ? De plus, ils sont nombreux à reprocher aux politiques de ne pas avoir pris position contre la vente de cette richesse locale. Ainsi, comme nous l'avions précisé, le premier à s'en être inquiété fut Alain Plaisir, président du Cippa, qui avait diffusé un communiqué dans lequel il s'interrogeait : " Pourquoi l'Etat a-t-il choisi de vendre à une entreprise privée, de surcroît américaine, cette centrale qui pourrait servir de modèle d'énergies renouvelables ? Pourquoi EDF s'en désintéresse-t-elle alors qu'elle investit en Indonésie et au Mexique sur des projets similaires" s'interroge monsieur Plaisir... Autre réaction, celle de l'ancien maire de Bouillante Jean-Claude Malo qui avait constitué un petit groupe, pour faire entendre la voix de la Guadeloupe dans ce dossier. Puis il y avait eu la mobilisation initiée par Félix Fleming, secrétaire général du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG) qui manifestait son opposition sur le site de la centrale, réaffirmant qu'il s'agissait d' "une propriété publique de la Guadeloupe".
Mais en ce qui concernent les élus à la tête des principales institutions locales, c'est le silence radio. Hormis, la réaction d'Harry Durimel président de Caraïbe Écologie Les Verts Guadeloupe, dans un texte assez long, posté sur son site, dans lequel il expliquait sa position. Pour lui, la vente est plutôt bénéfique en matière économique et environnementale. Comme il le dit lui-même, il faut apporter une dose de réalisme au débat, même s'il convient que l'appropriation de nos richesses naturelles serait une chose "idéale" mais,dans un Etat de Droit français capitaliste, ce n'est pas possible. Comme il le souligne, la Guadeloupe n'est pas la seule île de la Caraïbe a posséder de l'eau chaude naturelle, mais tout l'arc caribéen, mais la Guadeloupe est le seul pays a avoir développer une exploitation industrielle de cette richesse. Pour le président des Verts Guadeloupe, le débat coupe court car au moment de la mise en vente de l'usine, aucune entreprise française ou guadeloupéenne n'a voulu entrer dans le capital de Bouillante. Il rappelle que seul l'ancien maire de la commune Jean-Claude Malo s'était manifesté pour que sa commune puisse bénéficier de plein droit de cette richesse qui, se trouve sur son territoire avec l'idée de créer une SEM-Entreprise pour pouvoir entrer dans le capital de l'usine. En outre, rappelons le, EDF donc l'Etat se désengageait au fur et à mesure en réduisant sa participation dans l'usine. De quoi taire les détracteurs de la vente.
En attendant, le groupe américain prévoit de développer Géothermie Bouillante. "Nous voulons passer d’une production de 9 mégawatts à 45 mégawatts d’ici à 2021. Nous devrons donc employer plus de personnes localement. Ces investissements vont soutenir l’économie guadeloupéenne" précise Doron Blacher,représentant d’ORMAT en France. Interviewé par nos confrères de La 1ère, il a souligné le fait que la direction resterait la même. Didier Gauthier continuera à diriger la centrale. Ezra Tsemach, responsable de plusieurs sites d’ORMAT au Honduras et au Guatemala se rendra en Guadeloupe pour superviser Géothermie Bouillante.
Pour rappel, ORMAT-TECHNOLOGIE, est leader mondiale de l'industrie géothermique. Elle est implantée aux USA, mais aussi en Nouvelle Zélande, en Afrique, au Guatemala et bientôt - peut-être -dans la Caraïbe. Elle emploie 470 personnes aux Etats-Unis et environ 600 dans ses implantations à l'étranger.