La Guadeloupe de retour dans la production de cacao ? Il semblerait que la Direction de l'agriculture (Daaf) aurait mené des études, pour une possible relance de la filière cacao. Après des années de point mort, la Guadeloupe pourra de nouveau produire la précieuse fève, à grande échelle.
La Guadeloupe pourra de nouveau produire du café et du cacao a grande échelle. En effet, selon la Direction de l'agriculture (Daaf), plusieurs facteurs justifient leur relance. Ces productions peuvent se développer sans concurrencer, en termes de foncier, les cultures existantes. Les cultures de café et de cacao pourraient se développer dans les terrains boisés. Par ailleurs, certains producteurs de bananes pourraient être intéressés par ces productions moins polluantes que la banane.
Afin d'aboutir à ces conclusions, l'étude a été confiée à une jeune étudiante de SupAgro Montpellier. Son nom Stécyna Kiki. L'étudiante de 3e année, a aussi mené des recherches sur le café guadeloupéen qui, selon ses conclusions peut faire valoir certains atouts. « La réputation du café bonifieur de Guadeloupe est intacte : il jouit d'une bonne notoriété, sur le plan local comme international. Son passé reste en mémoire des négociants et torréfacteurs internationaux, et il entre dans la catégorie des « cafés de spécialité » ou « cafés gourmets » , qui se définissent comme des produits haut de gamme » . Toujours selon l'étudiante, une certaine demande à l'export en café de Guadeloupe existe encore. Quelques producteurs commercialisent une partie de leur production en France et en Asie, à des négociants spécialisés. » Le prix d'achat du café bonifieur en vert est de 30 à 50 euros le kilo franco à bord (FAB). « Mais ce prix est compétitif par rapport aux cafés concurrents comme le Blue Moutain de la Jamaique ou le Bourbon pointu/Lorina de La Réunion, dont le prix va au-delà de 100 euros du kilo. »
Pour le cacao, il faudra reprendre la production à zéro, car en Guadeloupe, la culture du cacao a quasiment disparu.
Les premiers à l'avoir cultivé furent évidemment les amérindiens, qui lui donnait une connotation mystique. Après l'esclavage, la cutlure déclina, au profit d'autres cultures dont la banane, jugée à l'époque rentable. De plus, la majorité des cultures réparties sur la Côte sous-le-Vent, furent détruites après le passage du cyclone de 1928. Aujourd'hui, la culture du cacao est quasi inexistante, il est essentiellement vendu sous forme de bâton de kako en vente directe. Certains artisans chocolatiers transforment les fèves locales en chocolat. La faible production actuelle n'arrive pas à satisfaire la demande. Si la Guadeloupe, veut rivaliser avec les poids lourds du secteurs, elle devra donc mettre les bouchées doubles.
Petite histoire du Cacao :
Les hommes découvrirent le cacao vers l'an 2000 avant notre ère dans l'immensité de l'Empire Maya. Selon la mythologie mayas " C'est Quetzalcoatl, dieu de la végétation et de son renouveau, représenté par un serpent à plumes et qui régnait sur la cité de Tula qui apprit aux hommes comment cultiver le cacahuaquahuilt - le cacaoyer à l'ère pré-colombienne." Dans d'autres peuple comme les PilPils, associaient le aux principaux événements de la vie quotidienne. Les fèves de cacao servaient d’offrandes pour les grands passage rituels de l'embryon à la naissance; de l'enfance à la puberté. Le corps des jeunes garçons était enduit d’un mélange d’eau de pluie, de pétales de fleurs et de poudre de cacao. Chez les Mayas, il était tout d'abord un breuvage rituel appelé " chacau haa ".
Après le déclin de l’Empire Maya, les envahisseurs Toltèques firent du cacaoyer leur symbole de la réincarnation terrestre au monde végétal. Associé au sang dont les fèves ont la couleur, le cacao représente chez les Toltèques une princesse de la tribu sauvagement assassinée.
L'amertume des fèves n'est que la transcription sensible de toutes les souffrances qu'endurèrent la princesse avant de mourir et celle de tout un peuple avant de dominer tout le Mexique central sous l'oeil vigilant du héros civilisateur Kukulcan.On retrouve cette même connotation chez les Bribris, où le cacao tient fonction d’élément médiateur entre le ciel et la terre, entre la nature et les hommes, véritable source de fertilité et de vie à partager entre tous. À chaque année, on recherchait un chien aux poils couleur cacao pour l'offrir aux dieux, rendre la terre féconde et la récolte généreuse.
Mayas et Aztèques apprirent les propriétés hydratantes du beurre de cacao, cette substance obtenue après plusieurs étapes de transformation. Ce baume devint partie intégrante de la pharmacopée pour cicatriser les gerçures et les brûlures, calmer les ardeurs du soleil, soigner le foie ou les poumons et comme remède préventif contre les morsures de serpent.Les Aztèques, pilaient les grains de cacao à genoux, au moyen d'un métalt, un mortier moitié bois, moitié fer et légèrement chauffé sur une pierre plate - la matate. Les fèves étaient ensuite grillées et concassées avec des épices, notamment du poivre, de la cannelle et de l'achiote et passées au tamis.
La cabosse demeura, pendant tout leur règne, un élément majeur social, économique et religieux jusqu'au jour où ils durent plier sous le joug de la conquête espagnole au XVe siècle. En effet,c’est en 1502, lors d’une escale au Nicaragua, que Christophe Colomb entrevoit les fèves de cacao à bord d’une pirogue indigène mais n’en saisit pas l’importance (l’explorateur les aurait prises pour des excréments de chèvre).
La vraie valeur de cet « Or brun » ne sera réellement révélée que par Hernan Cortésqui après l’avoir dégusté au côté de l’empereur Aztèque Moctezuma en 1519, le ramène à la cour d’Espagne en 1528. Le roi d’Espagne raffole de la nouvelle boisson. On le boit épais, presque sirupeux, mousseux.A la suite d’une guerre victorieuse contre les tribus indigènes et l’anéantissement de la civilisation aztèque, il entreprend l’intensification de la culture du cacao sur les terres de la Nouvelle Espagne afin d’exercer un commerce lucratif avec la Vieille Europe.
Dès le XVIIe siècle, le chocolat devient une ressource très appréciée de l’aristocratie et du clergé espagnol. Son succès s’étend alors dans les autres colonies espagnoles comme les Flandres et les Pays-Bas.En 1615, la France découvre le chocolat à Bayonne à l’occasion du mariage de l’infante espagnole Anne d’Autriche avec Louis XIII. (Elle a consenti à ce mariage à la condition d’emporter avec elle son chocolat, préparé par ses caméristes qui maîtrisaient la préparation de ce breuvage).
Mais c’est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d’Autriche qui font entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles.Le chocolat est alors consommé chaud sous forme de boisson comme le café. Seuls la cour du roi, les nobles et les riches avait accès à ce nouveau breuvage : la fabrication du chocolat et la vente du chocolat étaient un privilège accordé par le roi. En 1693, ce privilège tombe et la vulgarisation du chocolat se développe. C’est également au XVIIème siècle que le chocolat sucré fait son apparition en Catalogne : En 1659, Le traité des Pyrénées formalise une paix conclue entre le royaume d’Espagne et celui de France et le Roussillon est rendu à la France. Le chocolat catalan part alors à la conquête du monde.
Il faudra attendre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle, avec notamment l'apparition de l'industrialisation, pour qu'on assiste à une "démocratisation" de la consommation du cacao. Partout, se développe dans le monde, des cultures de cacao, notamment en Afrique, qui aujourd'hui abrite de grands producteurs de cacao citons la Côte-D'Ivoire.
Autant dire que la Guadeloupe se lance dans un marché très concurrentiel, dont elle devra faire ses preuves.