La construction des stades du Mondial avait été sujet à polémique. Entre les affaires de corruption, de nettoyage de population par la population, les Brésiliens ont assuré que Rio sera prête pour les JO et le budget initial sera respecté.
Délais et budgets tenus. À un an des premiers jeux Olympiques en Amérique du Sud, Rio de Janeiro aborde le sprint final d'une préparation quasi sans faute, loin des psychodrames qui avaient précédé le Mondial-2014 de football. La ville n'est plus qu'un vaste chantier, de l'aéroport international, en rénovation et en cours d'agrandissement, au berceau portuaire historique, en pleine revitalisation, jusqu'au quartier moderne de Barra da Tijuca, futur épicentre des JO, à 30 km à l'ouest du centre.
Sans parler des dizaines de kilomètres de lignes de bus rapides qui seront réservées aux JO, et du tramway en construction, qui feront des transports le principal héritage de ces Jeux.
Des divisions mécanisées de camions, grues et bulldozers, appuyées par une infanterie de milliers d'ouvriers éventrent, creusent, déblayent et édifient 24h/24, dans un marathon infernal de vacarme et de poussière.
Les déplacements quotidiens des 6,5 millions de cariocas virent souvent à l'enfer. Et ce n'est pas fini! Car la ville va débuter une série intensive d'événements tests des diverses compétitions.
Lancée à toute vapeur, la machine olympique ignore la récession qui frappe le géant émergent d'Amérique latine, le tsunami politique provoqué par le scandale de corruption autour du géant public pétrolier Petrobras et les records d'impopularité de la présidente Dilma Rousseff, qui promet des Jeux « parfaits » et « historiques » .
Près de Barra da Tijuca, les 31 tours du village olympique, qui hébergeront 18 000 athlètes et accompagnants, sont presque achevées. Tout près, les enceintes du Parc olympique émergent, telles des navettes spatiales rutilantes.
Au beau milieu de ce « ground zero » , les derniers habitants de la modeste favela de la Vila Autodromo, déjà aux trois quarts rasée, s'accrochent encore à leurs maisons.
Seule polémique, le pari non-tenu des autorités de traiter à 80% les eaux polluées de la Baie de Rio, où se dérouleront les compétitions de voile et de planche à voile, dans un décor de carte-postale, au pied du Pain de sucre et de la statue du Christ Rédempteur.
Les organisateurs ont beau promettre que les zones de régate et de nage libre répondront aux standards internationaux, germes, excréments humains et détritus en tous genres alimentent toujours une controverse sur les risques pour la santé des sportifs et le bon déroulement des régates.
Ecraser pour reconstruire, au détriment des démunis. Rio se reconstruit, se fait une beauté, mais les pauvres paient un lourd tribu. C'est le cas de la favela de Vila Autodromo, qui est en passe de devenir un mirage. La favela a eu le malheur d’être non seulement située dans une région soumise à une spéculation immobilière intense, mais également d’empiéter d’un peu trop près sur les plans de l’immense parc olympique destiné aux Jeux olympiques (JO) 2016 de Rio. Un chantier à ciel ouvert de plus d’un million de mètres carrés où 4 500 ouvriers s’affairent activement à l’ombre de la longue et haute paroi de béton venue épouser de ses courbes la petite favela.Préservée dans le projet initial des concepteurs cariocas après l’attribution en 2009 des JO à Rio.
Vila Autodromo a vu ses jours comptés lorsque l’emplacement fut désigné, trois ans plus tard, pour accueillir un parking et une route d’accès aux personnalités olympiques et aux journalistes. S’ensuivit une forte mobilisation de la communauté, mettant l’accent sur les titres d’habitation obtenus par près de la moitié des résidents dans les années 1990.Devenue, au fil des manifestations, le symbole de l’appétit immobilier carioca et des excès olympiques, Vila Autodromo a même remporté un prix international patronné par la Deutsche Bank pour un contre-projet urbain élaboré par des professeurs et chercheurs de l’Université fédérale de Rio (UFRJ). En vain.
L’ordre d’expulsion des lotissements, signé en mars 2015 par le maire de Rio Eduardo Paes, précipite sa fin. L’intense et parfois brutale pression exercée par les autorités à laquelle se sont ajoutées des incitations financières toujours plus élevées, auront fait le reste.
A ce jour, un an avant l’ouverture des Jeux prévue le 5 août 2016, plus de 80 % des maisons ont été anéanties. Quelque 40 familles sont parties pendant le seul mois de juin. Seules un peu plus d’une centaine d’entre elles demeurent sur place, entre ruines béantes et pans de murs criblés de tags rageurs. Dédiés autrefois à la gloire du Parti des travailleurs, le PT au pouvoir depuis 2003, les slogans des façades encore debout interpellent aujourd’hui d’une encre déjà ternie par le temps les rares badauds de passage d’un « Tout ne s’achète pas » ou « On restera ! ».
E.L.M.S pour TheLinkFwi@l'Actualité en un clic !!