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BRESIL : 56 337 MEURTRES PAR ANNEE !


Les chiffres font froid dans le dos. Le Brésil est un pays de grande violence et est loin de connaître la tranquilité. 56 337 homicides ont lieu chaque année, selon le think tank Mapa da Violencia (Carte de la violence), basé à São Paulo.

Les Brésiliens ont battu un nouveau record : 56 337 homicides par an, selon le think tank Mapa da Violencia (Carte de la violence), basé à São Paulo. Les derniers chiffres disponibles sont ceux de 2012. Leur source sont les certificats de décès, totalisés ensuite dans le Système d'informations sur la mortalité du ministère brésilien de la santé. Ils montrent une hausse constante des meurtres commis au Brésil.

L'Etude globale sur l'homicide, publiée en 2011 par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), enregistrait 43 909 homicides au Brésil pour l'année 2009, soit pratiquement un meurtre sur dix parmi ceux commis dans le monde. Aucun autre pays ne dépasse le Brésil en nombre d'homicides, même pas l'Inde, dont la population est six fois plus importante.

Depuis l'an 2000, 600 000 Brésiliens ont ainsi perdu la vie. C'est une hécatombe qui dépasse certaines guerres régionales ou conflits armés. Malgré l'escalade de la barbarie provoquée par les cartels de la drogue au Mexique, le cas du Brésil est plus grave. Malgré les guérillas en Colombie et la reconversion d'une partie des milices paramilitaires en bandes criminelles, la situation au Brésil est pire.

Les statisticiens comparent le nombre de victimes à la population. Les 56 337 meurtres de 2012 équivalent à un taux de 29 homicides pour 100 000 habitants. De ce point de vue, des petits pays d'Amérique centrale, le Honduras et le Salvador, restent les plus meurtriers, mais le volume de victimes n'est absolument pas comparable.

La plupart des homicides commis par les Brésiliens ne résultent pas de l'action de trafiquants ou du crime organisé, mais de ce que les experts appellent des motifs « futiles » : rixes de voisinage ou de famille, bagarres provoquées par l'alcool, disputes qui dégénèrent. Les victimes sont surtout des jeunes hommes Noirs ou métis, victimes de la déstructuration du tissu social, de l'explosion des violences et des inégalités persistantes. L'homicide est devenu la principale cause de la mort des moins de 19 ans.

Des États qui ont bénéficié des programmes sociaux, comme Alagoas, Para, Paraiba et Bahia, ont connu une hausse des meurtres. La lutte contre la pauvreté ne suffit donc pas à enrayer cette épidémie. Or, l'effet mortifère d'un homicide agit sur les proches et les voisins, comme une bombe à fragmentation. Il mine la confiance dans la société et dans les institutions. Huit Brésiliens sur dix ont « très peur » d'être assassinés (selon l'Institut de recherche économique appliquée, IPEA). Le phénomène s'étend partout, avec une progression plus accentuée dans les municipalités moyennes ou petites, qui compense l'amélioration dans les grandes villes. Les actions ponctuelles à São Paulo et à Rio de Janeiro ont eu des effets positifs, mais montrent aussi leurs limites.

Car le taux l'élucidation des homicides au Brésil est ridicule, et l'impunité quasi totale. Outre la justice et le système pénitentiaire, la crise sécuritaire révèle l'obsolescence du modèle basé sur la coexistence inefficace entre une police civile (chargée des enquêtes) et une police militaire (équivalente à une gendarmerie, chargée de l'ordre public). Ces deux polices relèvent des États fédérés, impuissants face au fléau, mais refusant de céder leurs prérogatives. Ce modèle a été revu à la marge, avec la création de gardes municipales, sans incidence sur les crimes majeurs.

La police fédérale, très performante, est un corps d'élite, incroyablement réduit pour les dimensions du pays et de la population (200 millions). L'homicide ne relève pas de sa compétence, à moins d'être relié au trafic de stupéfiants ou de personnes, au crime organisé ou à la corruption, ce qui n'est guère le cas dans l'immense majorité des meurtres. Cela dit, une calamité sociale de cette ampleur, qui s'aggrave depuis une quinzaine d'années, n'est plus une question locale ou régionale, mais bien un problème national, une urgence absolue.

« Les homicides, surtout ceux d'enfants, d'adolescents et de jeunes, sont devenus le talon d'Achille des droits de l'homme au Brésil », estime le sociologue Julio Jacobo Waiselfisz, responsable de Mapa da Violencia.

E.L.M.S pour TheLinkFwi@

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