Albert Woodfox, un Afro-Américain, membre des Black Panthers a passé quarante-trois ans en prison, en isolement pour un crime qu'il n'avait pas commis. Il avait passé une bonne partie de sa vie au centre pénitentiaire de Louisiane (nommé Angola) pour sa responsabilité dans la mort d’un garde pendant une révolte de prisonniers. Mais le lundi 8 juin, un juge fédéral américain ordonne sa libération immédiate et inconditionnelle évoquant des "preuves de l’innocence" du détenu. L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International, qui mène campagne pour sa libération, à évoquer la libération de cet homme à travers un communiqué qui rappel son innocence, la discrimination de l'époque qui a joué contre Albert Woodfox et les conditions de vie d'un prisonnier en isolement.
"La libération imminente d’Albert Woodfox, qui a passé plus de 40 années à l’isolement en Louisiane après un procès entaché d’irrégularités, est une victoire juridique attendue de longue date, a déclaré Amnesty International mardi 9 juin.
« En prononçant la libération d’Albert Woodfox, la cour fédérale a fait un pas important vers la fin de l’injustice et de la cruauté qu’il a subies pendant plusieurs décennies », a déclaré Tessa Murphy, chargée de campagne d’Amnesty International pour les États-Unis.
À la surprise générale, un juge a rendu lundi 8 juin une décision inconditionnelle ordonnant la libération immédiate d’Albert Woodfox et interdisant tout nouveau procès à son encontre.
« Cet homme de 68 ans a subi un traitement d’une cruauté intolérable en prison, tout en se battant pour faire annuler sa condamnation pour un crime dont il s’est toujours dit innocent. Après deux procès entachés d’irrégularités et une procédure judiciaire qui a duré des décennies, au cours de laquelle sa condamnation a été annulée par des instances fédérales et des juridictions d’État, Albert obtient enfin la liberté qu’il mérite.
« C’est un jour joyeux pour Albert et sa famille, mais cet événement doit aussi inciter les autorités américaines à mettre fin à la pratique cruelle et extrême de l’isolement carcéral. Pendant plus de 40 ans, Albert Woodfox a non seulement été privé de justice, mais il a en plus été confronté à l’horreur quotidienne de l’isolement. Rien ne peut réparer une telle injustice, mais il doit maintenant bénéficier de toutes les réparations, y compris des mesures de réinsertion, qui lui sont dues pour les mauvais traitements qu’il a subis », a déclaré Tessa Murphy.
Albert Woodfox a été déclaré coupable, en même temps qu’Herman Wallace, du meurtre d’un gardien de prison dans le pénitencier d’État de Louisiane en 1972.
L’éventualité d’un nouveau procès a été écartée après que le juge a relevé un certain nombre d’éléments problématiques, dont « le manque de confiance de la Cour envers l’État pour assurer un troisième procès qui soit équitable » et « le préjudice subi par M. Woodfox du fait d’avoir passé plus de quarante ans à l’isolement ».
Pendant la majeure partie de ses 43 années d’emprisonnement, Albert Woodfox a été maintenu dans une cellule exiguë 23 heures par jour, sans pouvoir bénéficier d’aucun programme sérieux d’interaction sociale et de réinsertion. Son co-accusé Herman Wallace, décédé depuis, a subi le même sort.
Les deux hommes ont toujours nié toute implication dans le crime commis et ont déclaré avoir été mis en cause à tort dans cette affaire du fait de leur engagement politique en prison en tant que membres du Parti des Panthères noires.
Aucune preuve matérielle ne les reliait au crime et leur culpabilité présumée reposait essentiellement sur la déclaration douteuse d’un autre détenu, qui a reçu un traitement de faveur en échange son témoignage. Le dossier de l’accusation reposait sur des preuves peu fiables et comportait de nombreuses erreurs de procédure qui ont été largement attestées au fil des années.
La condamnation d’Albert Woodfox a été annulée à trois reprises, la dernière fois en 2013, mais il est resté en prison après que l’État de Louisiane a fait appel de cette décision.
Les juges ont estimé qu’il n’avait pas bénéficié d’un procès équitable en 1998, en raison d’une discrimination lors de la sélection du président du grand jury.
Le co-accusé d’Albert Woodfox, Herman Wallace, a été libéré en octobre 2013, quelques jours avant de mourir d’un cancer du foie. Un juge fédéral avait annulé sa condamnation en raison de l’exclusion systématique des femmes du grand jury lors de son procès de 1974". (AMNESTY International)