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E.L.M.S

ELIE DOMOTA : LA GUADELOUPE EST UNE BOMBE A RETARDEMENT !


Le Porte parole du LKP Elie Domota était interviewé par nos confrère de 97Land, pour lesquels il s'est confié sur la situation sociale et économique de la Guadeloupe et parler des manifestations menées le 27 Mai dernier.

Pouvez-vous nous présenter les commémorations auxquelles vous allez participer en ce jour ?

Alors nous n’allons pas commémorer car commémorer voudrait dire « faire mémoire ensemble » et aujourd’hui l’attitude de l’état français vis-à-vis de nous Guadeloupéens petits-fils des Indiens Kalina et des Afro descendants n’est pas à notre goût. Nous sommes toujours en lyannaj avec ceux qui se sont battus pour la liberté dans ce pays. Nous marcherons de la Boucan Sainte-Rose jusqu’à la Pointe Allègre sur la trace des Indiens Kalina bien évidemment puisque c’est en 1635 que les premiers colons français ont débarqué à la Pointe Allègre, tué les indiens Kalinas et leur ont volé leurs terres mais nous marcherons également sur les traces d’Ignace qui a débarqué à Blachon (Lamentin) en 1802 et s’est battu conte les troupes de Richepance l’envoyé de Napoléon pour rétablir l’esclavage. Pour nous ces rendez-vous sont très importants puisque l’état français commémore les abolitionnistes les soi disant abolitionnistes qui ont organisé la domination coloniale en Guadeloupe. Je rappelle qu’en 1848 et 1849 on a donné aux anciens propriétaires esclavagistes des rentes pendant 20 ans pour asseoir leur domination sur nous et actuellement même si on clame que la traite négrière est reconnue comme crime contre l’humanité, dans les faits c’est faux puisque quand quelqu’un fait l’apologie de la traite négrière, il n’est pas condamné par la justice. C’est ce que nous condamnons et nous avons déposé une assignation contre l’état français pour l’abrogation des textes de 1848 et 1849 afin de reconnaitre la situation des victimes, les esclaves.

Avec le recul, pensez-vous justifiée la destruction de la stèle de Sainte-Rose ?

C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui. Cette stèle est un symbole raciste de l’arrivée des premiers colons français qui ont massacré les Kalinas comme je le disais, pris de force leur terre, violé leurs femmes et déporté des africains. C’est faire l’apologie d’un crime contre l’humanité. Curieusement, un tribunal en Guadeloupe ne les a pas condamnés. Ce ne serait pas arrivé en France. Si quelqu’un voulait mettre une plaque pour l’arrivée des premiers allemands en 1940, il n’obtiendrait pas d’autorisation. C’est inadmissible !

Pour Daubin, nous y allons aussi pour dénoncer le fait que dans les communes de Guadeloupe, la moitié voire les 2/3 des terres appartiennent à une famille et on sait parfaitement que ce sont des gens qui avaient des esclaves en 1848 : on leur a donné des terres et de l’argent. Si on veut que le vivre ensemble ait un sens dans ce pays, il faut qu’une fois pour toute, tout le monde accepte de s’asseoir autour d’une table pour parler de la répartition des richesses. Nous sommes dans une société post-esclavagiste mais toujours coloniale avec au sommet de la pyramide les européens et les békés et au bas les guadeloupéens d’origine africaine et indienne.

Que reprochez-vous au Memorial ACTe ?

Le Memorial ACTe n’a rien à voir avec la mémoire de nos ancêtres ni notre histoire. C’est un éloge au négationnisme. Qu’y retrouve-t-on ? Il est dit que ce sont les francs-maçons qui ont œuvré pour l’abolition de l’esclavage, des panneaux signalent que les premiers esclavagistes étaient des noirs, que les rois africains ont vendu leurs semblables et que la religion chrétienne les a libérés. De multiples falsifications historiques que non seulement l’état français cautionne mais aussi des guadeloupéens comme Victorin Lurel. C’est le système colonial qu’ils défendent à travers le Memorial ACTe.

On connait les problèmes de violence et de chômage dans l’île. Où va la Guadeloupe selon vous ?

La Guadeloupe est dans une situation très difficile et comme toujours imprévisible : c’est une bombe à retardement. Avec 60 % des jeunes de moins de 25 ans au chômage, 35 % de sans emploi, 1 personne sur 4 frappée d’illettrisme, la situation est excusez-moi l’expression « bordélique ». Cela peut exploser à n’importe quel moment !

Un exemple de la vie quotidienne : 60 % de l’eau produite disparaît dans les canalisations car les élus guadeloupéens avec les multinationales ont détourné l’argent. Au lieu d’effectuer les réparations nécessaires, ils ont détourné l’argent pour leurs campagnes électorales, pour partir en croisière… Maintenant les Guadeloupéens sont dans la précarité, les jeunes sont dans la rue et cela explique pourquoi il y a de moins en moins de gens qui vont voter. Nous allons vers une explosion sociale mais nous ne savons ni où ni quand.

En parlant d’élections, on pourrait vous rétorquer que vos résultats n’ont jamais été probants.

Premièrement, ceux qui gagnent les élections le font avec 20 % de participation. Ils emportent la majorité soit 50 % de 20 % cela veut dire qu’une personne sur 10 a voté pour eux. Ils sont minoritaires et pourtant sont élus : c’est cela qu’on appelle un système démocratique.

Deuxièmement nous avons un point de vue très tranché sur les élections dans le système colonial. Actuellement, les élections ne servent à rien : c’est juste une personne qui est placée. Que ce soit X ou Y, quelle que soit sa couleur politique le système fonctionne et c’est ainsi depuis 1848. C’est pour cela que nous luttons pour l’accès à la souveraineté des travailleurs et du peuple de Guadeloupe : l’indépendance.

Où en est-on des accords Bino ?

Pour l’accord sur les salaires, nous continuons à lutter : il y a des endroits où il n’est pas appliqué ou partiellement. Le patronat, Medef en tête cherche à le supprimer.

Les accords du 4 mars sur la santé, l’agriculture, la recherche, les transports, l’encadrement des prix… Ni le gouvernement Sarkozy ni le gouvernement Hollande ne s’en sont occupés. Ils ont renié leur signature et trahi le peuple Guadeloupéen comme les élus locaux : Lurel, Gillot, Borel, Penchard et consorts qui ont trahi l’esprit et le contenu des accords du 4 mars.

Un mot sur l’Université Antilles et ses soubresauts

Je vous répondrai que nous sommes pour la souveraineté dans le cadre de la solidarité et la coopération Caraïbe. Il faut à l’échelle de la Caraïbe une grande université avec des spécialisations pour chaque pays dans une grande fédération.

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