Dans le cadre de la transition énergétique, les projets fleurissent en Guadeloupe. Tous ne pourront éclore en même temps. Un ingénieur du ministère de l'Agriculture et de la Forêt a enquêté dix jours sur le terrain.
Dans le cadre de la transition énergétique, la filière biomasse a été identifiée comme un secteur à fort potentiel. La région a mis en place un comité de pilotage sur ce sujet, qui a reçu, voici quelque temps, la visite de Jean-Yves Grosclaude, ingénieur général, délégué par les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement. Sa mission : faire le point sur les possibilités de la filière biomasse énergie en Guadeloupe.
M. Grosclaude a arpenté le terrain pendant dix jours et s'est fait présenter les projets les plus avancés. Il n'en manque pas, entre le développement de la géothermie (Bouillante 3), les fermes éoliennes et photovoltaïques, la centrale biomasse de Marie-Galante et la centrale biomasse (canne fibre) du Nord Basse-Terre, cette dernière prévue dans le cadre du projet Rebecca. Ce qui manque, du moins sur le court terme, ce sont les financements. D'où la nécessité de procéder à des arbitrages.
Deux chantiers prioritaires :
Le rapport de Jean-Yves Grosclaude ne sera connu que fin mars. Quelques indiscrétions se sont néanmoins fait jour après son intervention au comité de pilotage bagasse. L'ingénieur général considérerait que deux projets - Bouillante 3 d'une part, le passage au tout biomasse de la centrale thermique du Moule d'autre part - apparaissent prioritaires, parce qu'ils permettraient, à eux seuls, de tenir les objectifs 2020 du schéma régional du climat, de l'air et de l'énergie (SRCAE Guadeloupe). Ces objectifs, rappelons-le, sont de produire 52% de l'énergie à partir des ENR (contre 18% actuellement), dont 12% via la biomasse. La transition de la CTM vers le tout biomasse présente également l'avantage d'être une opération à moindre coût.
La région ne l'entendrait pas de cette oreille. On sait qu'elle tient à diversifier au maximum les ENR, dans le cadre de sa visée d'autonomie énergétique. D'autre part, le projet Bouillante 3 est loin d'être entré dans sa phase opérationnelle, alors que d'autres - éolien et photovoltaïque notamment, portés par la société Quadran - sont prêts à être concrétisés.
Mais depuis 2010, la consommation électrique guadeloupéenne stagne à 1 700 GWh. Il ne semble donc pas que des capacités supplémentaires soient nécessaires.
Le challenge est donc de substituer des ENR aux énergies fossiles - à hauteur de 550 GWh, représentant environ 70 MW de puissance en base - sans pour autant gonfler outre mesure le coût de production. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) ne serait en effet pas prête à prendre en compte des dépenses supplémentaires.
Des centaines de millions d'euros pour la rénovation
Porté par la centrale géothermique de Bouillante, Bouillante 3 est actuellement à l'étude. Ce projet ambitieux vise à exploiter une partie du réservoir géothermique situé en bordure nord de la Baie de Bouillante, dont le potentiel semble très prometteur. Compte tenu du montant d'investissement considérable qu'il demande (80 à 90 millions d'euros), une recherche de nouveaux investisseurs est en cours. Le projet de centrale biomasse Rebecca (canne fibreuse) du Nord Basse-Terre, dont la partie industrielle est portée par la société Quadran, est estimé à 40 millions d'euros. Celui de la centrale bagasse biomasse de Marie-Galante, couplée à la SRMG, est de l'ordre de 80 millions d'euros. À noter que le projet de STEP Marine, abandonné après deux bonnes années d'étude, était pour sa part estimé à... 290 millions d'euros.
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