En Guadeloupe, les élections départementales ont rimé avec abstentionnisme. Avec 44,4% de taux participation les élections ont révélé leurs flots de surprises. Parmi elles : l'élimination de Lucette Michaux-Chevry la matriarche.
Le 1er tour des élections départementales 2015, c'était dimanche et les surprises ont été nombreuses. Premièrement un mot sur l'abstention : Pour ces départementales 2015 la Guadeloupe affiche un taux de participation de 44,4% inférieur à celui de l'hexagone (les chiffres dépassent légèrement les 50%). 44,4% c'est le même taux que lors des cantonales de 2011 mais largement inférieur aux municipales de 2014.
Deuxièmement, les élections ont reconfirmées la position de la gauche en Guadeloupe, mais pas n'importe quelle gauche, sur les 21 cantons seuls 5 binômes ont été élus dès le premier tour, tous de gauche. Ces élections ont révélées qu'il y avaient deux gauches. La Gauche proche de Jacques Gillot affiliée au GUSR et celle proche de Victorin Lurel président de Région. L'illustration de cette opposition gauche/gauche est le bras de fer qui se joue à Vieux-Habitants bastion de Victorin Lurel, où un deuxième tour devra départager les candidats : Aramis Arbau et J.Otto. Malgré les bons résultats du premier tour le président du Conseil Général devra se démarquer et écraser au second son rival, le jeune Cédric Cornet, actuellement plus jeune homme politique en activité. Les deux présidents s'opposent sur l'avenir institutionnel de la Guadeloupe. Jacques Gillot réclame un référendum sur la fusion de la Région et du département comme ce fut le cas en Martinique et en Guyane. "Mon projet, c'est la collectivité unique", clame-t-il. Un projet avec lequel Victorin Lurel n'est pas - du tout - d'accord !
Troisième surprise de ces élections, la Droite. Déjà minoritaire dans le département, la Droite se retrouve en mauvaise posture. Elle se maintient que dans 6 cantons sur les vingt-et-un que compte l'île.
La grande surprise de ces élections c'est évidement l'élimination de la "matriarche", la "reine-mère", Lucette Michaux-Chevry figure emblématique de l'opposition à Victorin Lurel, présente sur la scène politique locale mais aussi nationale depuis 1957. Lucette a été battue par le candidat de gauche sans étiquette et maire de St Claude : Elie Califer. Interviewée par Guadeloupe 1ère, la candidate désormais simple conseillère municipale s'est exprimée en ces termes : "Je suis une combattante, une démocrate. Pour autant, je n'en fais pas une histoire. J'ai perdu l'élection, mais je prends ça de bonne humeur. Je tire ma révérence, et c'est bien. Parce qu'il faut un gagnant et qu'il faut un perdant." Avec cette défaite, beaucoup s'accordent à dire qu'il s'agit d'un moment historique. Un moment d'anthologie même. Celle qui fut maire, sénateur, présidente de Région, Présidente de Conseil Général, Secrétaire d'Etat à la francophonie, ministre sous le gouvernement d'Edouard Balladur a connu sa plus grande défaite politique hier.
Née le 5 Mars 1929 dans une famille de dix enfants de Saint-Claude. Après une brillante scolarité à l'Externat de Saint-Claude puis au Lycée Gerville Réache, Lucette Michaux-Chevry optera pour des études de Droit à Paris-Sorbonne où elle en sortira diplômée. En 1954 elle retourne en Guadeloupe où elle fait son entrée au barreau la même année. C'est à partir de 1957, qu'elle entamera une carrière politique, en enchaînant des rôles politiques stratégiques tant au niveau local que national.
Son parcours Politique :
1957 : Elle est élue Conseiller Municipal de Saint-Claude
1976 : Elle est élue Conseiller Général du canton de Saint-Claude/Gourbeyre
1982 : Elle est élue Président du Conseil Général de la Guadeloupe. Elle met en place la décentralisation
1983 : Elle conduit victorieusement les élections régionales
1985 : Elle est réélue Conseiller Général de Gourbeyre
1986 : Elle est nommée Secrétaire d’Etat à la Francophonie
1987 : Elle est élue Maire de Gourbeyre (de 1987 à 1995)
1988 : Elle est réélue Député de la Guadeloupe
1992 : Elle est élue Président du Conseil Régional de la Guadeloupe
Janvier 1993 : Elle est réélue Président du Conseil Régional de la Guadeloupe (à la suite de l’annulation des élections Régionales)
Mars 1993 :Elle est réélue Député de la Guadeloupe
Mars 1993 : Elle est nommée Ministre de l’Action Humanitaire et des Droits de l’Homme du Gouvernement BALLADUR (Mars 1993 – Mai 1995)
1995 : Elle est élue Maire de Basse-Terre
1995 : Elle est élue Sénateur de la Guadeloupe
1995 : Elle est nommée Conseiller auprès du Président de la République
1998 : Elle est élue Président du Conseil Régional
2000 :Elle devient Présidente d’Objectif Guadeloupe
23 mai 2004 : Elle se retrouve affaiblie par le résultat du vote sur l’avenir constitutionnel de l’île.
Elle ne fut pas réélue à la Présidence du Conseil Régional. battue par Victorin Lurel (PS).
17 mars 2008 : Elle est réélue Maire de Basse-Terre avec 50,06%
2014 : Elle est réélue à la Maire de Basse-Terre mais démissionne au profit de sa fille Marie-Luce Penchard.
Les régionales en ligne de mire ?
Déjà en 2014, après avoir remporté les municipales à Basse-Terre, elle avait cédé le poste à sa fille, Marie-Luce Penchard. Plus tôt, en 2011, elle avait choisi de ne pas se représenter aux élections sénatoriales. Mais Lucette Michaux-Chevry est loin d'avoir laissé tomber la politique. Elle exerce toujours le poste de présidente de communauté d'agglomération du Sud Basse-Terre, sobrement intitulée "Grand Sud Caraïbe".
Très active sur les réseaux sociaux elle ne cesse de prendre position sur nombre de sujets, fustigeant régulièrement le président de région, Victorin Lurel, dont elle déplore "l'égo surdimensionné". Reste à savoir quelle sera la stratégie du clan "Chevry-Penchard" pour les élections régionales qui se tiendront dans neuf mois, en décembre 2015.
Vous l'aurez compris le 1er tour a révélé son flot de surprises mais le 2nd dour des élections départementales sera décisif pour cette gauche qui se divise.
E.L.M.S pour TheLinkFwi@ l'Actualité en un clic !!