Le Tribunal de Basse-Terre a rendu le 6 Mars son verdict : " Les Blancs Péyis " pourront ériger leur stèle en hommage à leurs ancêtres arrivés sur l'île en 1641. La polémique continue d'enfler, les réseaux sociaux s'agitent !
Le 23 Janvier dernier, nous vous l'annoncions, le Cercle Auguste Lacour Association Loi 1901, réunissant les membres de la communauté des " blancs péyis" voulaient inaugurer le 31 Janvier une stèle en hommage aux premiers colons blancs français débarqué sur la Plage de Cluny a Sainte Rose c'était le 29 Juin 1635.
Pour le peuple Guadeloupéen, et de nombreuses associations tel que le Comité International des Peuples Noirs cet hommage constituait une insulte à la mémoire des esclavages qui durant trois cents furent enchaînés, déportés, tués et exploités. Puisque 12 à 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants noirs enchainés furent contraints de traverser l’Atlantique dans des conditions épouvantables qui vont causer la mort de plus de 2 millions d’entre eux. A l’heure où partout en Afrique, en Amérique et dans la Caraïbe la revendication de REPARATIONS lies à la Traite Négrière, à l’Esclavage, au travail forcé, et à la Colonisation s’affirme avec force, cette commémoration était plutôt mal perçue.
Malgré l'ampleur de la polémique et l'interdiction du Maire de la Commune, le Tribunal administratif de Basse-Terre a autorisé l'Association d'ériger sa stèle sur la plage. Pour les juges, les mentions inscrites sur la stèle « ne contiennent en elles-mêmes aucun propos portant une atteinte au respect de valeurs et principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ou par la tradition républicaine appelant des mesures de sauvegarde immédiates (…) ».
En Guadeloupe comme en Martinique, on s'insurge de cette décision. Pour le LKP, le Comité International des Peuples Noirs, L'UGTG, la Fondation Frantz Fanon, le Mouvement International pour les réparations, cette stèle est une apologie de Crime contre l'Humanité. " C'est une apologie de crime contre l’humanité, ils ont leurs ancêtres, nous les respectons mais ce sont des personnes qui ont réduit nos ancêtres en esclavage, il n’est pas question qu’on mette une stèle pour leur rendre hommage, il est temps que l’on se fasse respecter dans notre pays» a déclaré Jacqueline Jaqueret, présidente du comité international du peuple noir (CIPN).
Cette décision constitue donc une victoire pour, les " blancs péyis" cette minorité tant décriée, à la fois victime de l'histoire et responsable de ce commerce odieux qu'était la Traite Négrière.
Selon Karfa Sira Diallo, président de Mémoires & Partages basée à Bordeaux, « Cette décision reflète l’état de la justice française face au crime contre l’humanité que furent la traite des noirs, l’esclavage et la colonisation. La loi Taubira, si elle a permis une qualification législative du crime, a totalement vidée la question de sa dimension pénale et judiciaire. Du reste, en Métropole, et ici à Bordeaux, la question de la signalétique urbaine honorant les esclavagistes reste pendante. Au fond, c’est la République qui est la grande perdante, puisqu’elle renforce ainsi tous les extrémismes destructeurs du sentiment national et fraternel… C’est une manière de réviser l’histoire, en plaçant toutes les mémoires sur le même pied. On méconnait ainsi les phénomènes de la violence, de l’oppression et de la domination. Toutes les mémoires ne se valent pas…» Pour ceux qui seraient tenter d'oublier, Aimé Césaire dans son ouvrage " Discours sur le Colonialisme" rappelle que cette colonisation fut à l'origine du génocide des peuples Caraïbes présents à l'époque sur l'île et la mise en place du système esclavagiste qui prit fin en 1848.