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10 MAI 2001-10 Mai 2023 : il y a 22 ans l'esclavage entrait enfin dans l'histoire nationale.

Dernière mise à jour : 10 mai 2023

Le 10 mai marque la commémoration officielle des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. Cette année, le président de la République ne prend pas part aux célébrations. La Première ministre Elisabeth Borne a présidé une cérémonie avec à ses côtés le président du Sénat Gérard Larcher. Une reconnaissance nationale de ce crime historique mais qui a été un long très long cheminement.




Le 10 mai marque la journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et leur abolition. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, du XVe au XIXe siècles, plus de 11 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été capturés en Afrique, transportés à travers l’Atlantique et réduits en esclavage pour travailler dans des conditions très dures au sein d'exploitations coloniales en Amérique.


C’est aussi une journée de réflexion civique sur le respect de la dignité humaine et la notion de crime contre l’humanité, notamment au sein de l’Éducation nationale.


C’est par décret Jacques Chirac, alors président de la République, en 2006 que le 10 mai est devenue la date nationale de commé . « Cette date ne se substituera pas aux dates qui existent déjà dans chaque département d’Outre-mer. Mais dès le 10 mai de cette année, des commémorations seront organisées dans les lieux de mémoire de la traite et de l’esclavage en métropole, en outre-mer, et sur le continent africain », avait déclaré Jacques Chirac lors d’une allocution télévisée le 30 janvier 2006.


Le choix de l’ancien chef de l’Etat s’appuie sur une proposition de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, qui dirige à cette époque le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE) – qui est entre-temps devenu la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Pour rappel, cette date symbolique fait référence à la date d’adoption par le Sénat du texte définitif de la loi Taubira du 21 mai 2001, qui reconnaît la traite et l’esclavage en tant que crimes contre l’humanité.


Pourtant, cette date historique est le fruit d'un long mais très long processus de reconnaissance de la part de la République concernant ce crime contre l'humanité que furent l'esclavage et la Traite négrière auxquels la France a pris pleinement part.


La date du 10 mai commémore l’adoption de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité du 21 mai 2001, aussi appelée "loi Taubira" du nom de l’ancienne ministre de la justice.


Par cette loi, la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques, aux Caraïbes et dans l'océan Indien contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.


De même, elle prévoit qu’une place conséquente soit accordée à la traite négrière et à l’esclavage dans les programmes scolaires ainsi que dans les programmes de recherche en sciences humaines et en histoire. Enfin, elle prévoit qu’une demande de reconnaissance comme crime contre l’humanité soit déposée auprès de différentes organisations internationales.


Hommage à Toussaint Louverture :


Cette année, Toussaint Louverture, le héros de l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue (Haïti) qui sera mis à l'honneur. Toussaint Louverture avait connu l’esclavage puis, sous la Révolution, il a guidé la colonie française vers la « Liberté générale » et une société libérée de l’esclavage. Après sa décision de donner en 1801 une constitution à Saint-Domingue, le Premier consul Bonaparte décide de le chasser du pouvoir. Trahi et arrêté en 1802, il est déporté en France et meurt, seul et sans procès, au Fort de Joux dans le Doubs.


Sa mémoire est aujourd’hui honorée par une inscription au Panthéon, où la Fondation a organisé une cérémonie le 7 avril dernier, jour du 220èmeanniversaire de sa mort. Le Président de la République lui a rendu un hommage républicain au Fort de Joux le 27 avril 2023, à l’occasion du 175ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage par la 2ème République.


Une date qui divise :


Cependant, bien que célébrée désormais par les pouvoirs politiques une querelle accompagne généralement l’organisation des cérémonies de l’abolition de l’esclavage. Elle concerne précisément la date du 10 mai. Car près de vingt ans après le décret chiraquien, cette date est loin de faire l’unanimité en France. Par exemple, le comité 98 (CM98) milite depuis 25 ans pour que la date officielle de la commémoration de l’abolition soit le 23 mai. Une date qui doit permettre de rendre hommage aux victimes de la traite négrière. Une circulaire de Matignon en date du 29 avril 2008 abonde en ce sens. « La date du 23 mai sera, pour les associations regroupant les Français d’outre-mer de l’Hexagone, celle de la commémoration du passé douloureux de leurs aïeux qui ne doit pas être oublié », indiquait le Premier ministre de l’époque François Fillon.


« Cette année, le président de la République s’est dit que le moment présidentiel était le 27 avril », rappelle de son côté Claude Ribbe, écrivain et ancien conseiller mémoire du ministre des Outre-mer. À cette date, qui marque la date de signature du décret qui entérine l’abolition de l’esclavage Emmanuel Macron s’est rendu au château de Joux. C’est dans cette ancienne prison située dans le Doubs qu’a été emprisonné Toussaint Louverture avant d’y mourir. Dans une tribune publiée dans le journal Marianne ce mercredi 9 mai, l’élu du VIe arrondissement de la ville de Paris maintient que « la journée hexagonale de l’abolition de l’esclavage, c’est bien le 10 mai, pas le 27 avril ».


Dans les Outre-mer, il y a différentes dates d'abolition. Le 27 avril à Mayotte, le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe. Il faut attendre le 10 juin pour la Guyane et le 20 décembre à La Réunion. La loi du 30 juin 1983 reconnaît ces journées de commémoration de l’abolition de l’esclavage comme des jours fériés locaux.


Dans ces territoires contrairement à l'Hexagone, ces journées sont fériées depuis que la loi du 30 juin 1983 reconnaît ces jours de commémoration de l'abolition de l'esclavage comme fériés mais comme le disait le président Chirac en 2006 : « Aucune date ne saurait concilier tous les points de vue. Mais ce qui compte, c’est avant tout c’est que cette journée existe ».







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