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France Antilles n'est plus


Vives émotions ce matin au Tribunal de Commerce de Fort-de-France, le quotidien France-Antilles a été liquidé par le juge en moins de 10 minutes. Le journal créé par le Général De Gaulle a rythmé la vie des guadeloupéens et des martiniquais pendant près de cinquante ans, mais à l'image de la presse quotidienne nationale et internationale, le plus grand quotidien des Antilles-Guyane a été touchée par la crise, il ne s'est jamais relevé.

Pendant cinquante cinq ans, les Antilles-Françaises ont vécu au rythme d'un quotidien, le France-Antilles. Avec environ 35000 exemplaires vendus quotidiennement à la Martinique et 25 000 en Guadeloupe, France-Antilles reste encore le journal le plus lu des deux îles. En situation de quasi-monopole durant cinquante cinq ans, le journal était vu comme la voix officielle du gouvernement français.

Journal aux titres racoleurs, limite polémiques, misant sur les Faits-divers ou le sport local, France-Antilles était avant tout un journal de proximité. Relatant les derniers événements relatifs à la société antillaise. Cependant, malgré une censure apparente, le journal s'est imposé dans le quotidien des antillais. Dans les boulangeries, au supermarché ou dans les petites boutiques, le France-Antilles est omniprésent. Acheter le journal local, est un geste qui rythme la vie des guadeloupéens et des martiniquais, notamment les personnes les plus âgées, qui ont grandit avec.

Néanmoins, le développement d’internet dans le paysage médiatique a fortement impacté les comportements des consommateurs. Contrairement à ce que l'on croit, ces changements ne sont pas uniquement locaux, mais, ils sont mondiaux. Finit le temps où l'on se rendait au kiosque ou à la boulangerie pour acheter son journal papier, maintenant l'actualité est disponible en un clic. L'ordinateur ou le Smartphone remplacent la télévision, les sites internet concurrencent la presse écrite où l’information est personnalisée. Ainsi, dès 1998, plusieurs grands journaux, nationaux, internationaux sont passés au numérique.Ce développement vers le web été pensé comme une stratégie de positionnement sur l'Internet, car, de nos jours, la société moderne est beaucoup plus mobile. Les utilisateurs s’attendent à avoir accès à une gamme de services disponibles à la demande et en temps réel. Parmi ces services, l'accès à des contenus presse en temps et en heure, le tout en un clic. Le lecteur autrefois attaché au traditionnel journal, est devenu consommateur. On ne lit plus l'actualité, on la consomme.

A l'heure du tout numérique, la presse quotidienne locale, nationale et même internationale vit des heures plutôt sombres et France-Antilles n'y a pas échappé. Depuis plusieurs années, France-Antilles et sa version guyanaise ont vu les ventes de leurs journaux chuté. Bien que présents sur les réseaux sociaux et l'usage d'articles payants sur leur site internet, les journaux locaux antillo-guyanais, n'ont jamais su faire face à la pression qu'exerçait le numérique sur les modes de consommations des lecteurs.

Malgré les différentes interventions des hommes politiques locaux, la menace de la liquidation pesait sur l'avenir du quotidien et de ses 235 employés. Placé en redressement judiciaire le 25 Juin 2019, les offres de rachat n'ont pas manqué mais elles ont été jugées insuffisantes par les juges. En Octobre 2019, le gouvernement par la voix d'Annick Girardin, ministre des Outremers avait formulé trois engagements comme un soutien financier apporté à ces quotidiens, un échelonnage des dettes sociales et fiscales de ces groupes médiatiques et une restructuration industrielle ( SIRI) avec des solutions définies entre actionnaires et créanciers afin de sauvegarder notamment l'emploi et la presse quotidienne locale. Finalement, aucun de ces engagements n'a permis de sauver le groupe France-Antilles.

Liquidé en moins de 10 minutes :

Ce matin, le couperet est tombé et c'est un véritable coup dur pour les 235 employés de France-Antilles. Jusqu'au bout, ils ont cru en la préservation de leur journal devenu un patrimoine local.

Il aura donc fallu 10 minutes au juge pour rendre son verdict. En effet, la société éditrice de France-Antilles a été liquidée ce jeudi matin par le tribunal de commerce de Fort-de-France. Le plan de Aude Jacques Ruettard via la holding AJR Participations n'a pas été retenu, les 235 salariés de Martinique, Guadeloupe et de Guyane ont donc perdu leur emploi et les antennes de Radio nostalgie Guyane et Martinique ont été cédées.Le quotidien ne paraîtra pas ce vendredi. Samedi 1er Février 2020 sera publié le tout dernier numéro du quotidien préféré des guadeloupéens et des martiniquais.

C'est donc un pan de l'histoire de la presse locale qui s'éteint ce jeudi avec l'annonce par le tribunal de commerce de Fort-de-France. A moins qu'un nouveau média relayant l'actualité des trois collectivités d'Outremer n'apparaisse.

Réactions de la classe politique :

Face à ce tolet, la classe politique n'a pas manqué de réagir. Pour Josette Borel-Lincertin, c'est un triple désastre pour les régions de Guadeloupe, Martinique et Guyane.

" La présidente du Conseil départemental, Josette Borel-Lincertin, prend acte avec consternation de la liquidation du groupe France Antilles, entraînant la disparition des trois éditions du journal en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique.

Ce sont 235 emplois qui sont ainsi supprimés, et autant de familles plongées dans l’incertitude et la précarité. Cette liquidation est un désastre pour les salariés, un désastre pour les lecteurs et un désastre pour le pluralisme dans nos territoires qui seront les seuls de France à ne pas avoir de quotidien local. Le fait qu’aucun projet de reprise sérieuse n’ait pu être impulsé ces derniers mois par le Gouvernement - qui se disait pourtant à la manoeuvre - avec les entreprises de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique restera comme un nouveau signe d’abandon de nos territoires. La présidente du Département adresse un message de sympathie aux équipes qui ont préparé mercredi soir la dernière édition de ce titre indissociable de la vie de nos territoires et qui, depuis plus six mois, vivaient entre espoir et résignation au gré des annonces, des rumeurs et des reports de l’échéance. "

Réaction du député Olivier Serva.

Réaction d'Eric Jalton, président de Cap Excellence et Maire des Abymes.

Eric JALTON, Maire des Abymes et Président de Cap Excellence, prend acte et regrette la liquidation judiciaire du quotidien France-Antilles prononcée ce jour par le Tribunal de Commerce de Fort de France. C’est un véritable séisme social et culturel dans le paysage médiatique et économique des Antilles, car, indéniablement France-Antilles constituait un pan du patrimoine de la culture et de l’économie guadeloupéenne bien au- delà de son lectorat habituel . Face à cette situation, Eric JALTON a une pensée solidaire et attristée pour les 285 salariés de ce média, et par effet induit pour le millier de Guadeloupéens et de Martiniquais qui doit désormais faire face soit aux affres du chômage et de la précarité (cadres, salariés, revendeurs, distributeurs, sous-traitants ) Eric JALTON ne peut que regretter l’inefficacité des parlementaires qui soutiennent ce Gouvernement, en dépit des promesses faites à la tribune du Parlement où le Gouvernement avait pris le 16 octobre 2019, 3 engagements pour sauver France -Antilles… Force est de constater que l’intervention publique n’a en rien consolidé les offres de reprises alors que dans le même temps cette intervention publique gouvernementale n’hésite pas à voler au secours d’entreprises hexagonales pour des sommes autrement plus conséquentes que celles qui auraient permis de sauver l’emploi des 285 salariés de France-Antilles… La loi d’airain de la Mutation Numérique Ultra libérale renforce plus que jamais la nécessité d’anticiper les impacts de cette transition sur l’emploi pour tous les acteurs de nos économies insulaires qui ne doivent plus longtemps ignorer les stratégies de gestion prévisionnelle et préventives des emplois et des compétence dans ce monde devenu désormais complexe et incertain conclut

Eric JALTON.

Réaction des Sénateurs Hélène Vainqueur-Christophe, Victoire Jasmin et Victorin Lurel

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