top of page
ELMS

Etre Noir au Brésil


Avec 6,6 millions de touristes en 2016, le Brésil est une destination très prisée des vacanciers.. Cependant loin des clichés des cartes postales, il y a une toute autre réalité. La pauvreté, le racisme et la violence qui touchent la plus grande minorité visible du pays. Parler du racisme dans ce pays qui prône le métissage réussit, est un tabou. Malgré les politiques de discriminations positives dans les administrations, la Journée de la conscience noire, les noirs brésiliens sont encore très marginalisés. Alors, qu'est-ce qu'être noir au Brésil, c'est notre dossier.

Le Brésil fascine. Avec 207 millions d'habitants répartis sur une superficie de 8 514 876 km2. Le Brésil est le géant de l'Amérique Latine. Sa population se concentre principalement dans des mégalopoles millionnaires comme Sao Paulo, Rio de Janeiro, Salvador da Bahia, Brasilia, Fortaleza, Belo Horizonte, Manaus, Curitiba, Recife, Porto Alegre, Belém etc. De part sa taille, le Brésil s'impose comme la deuxième puissance régionale. En effet, le pays couvre près de la moitié du territoire de l'Amérique du Sud, partageant des frontières avec l'Uruguay, l'Argentine, le Paraguay, la Bolivie, le Pérou, la Colombie, le Vénézuela, le Guyana, le Surinam et la Guyane-Française , soit tous les pays du continent sauf le Chili et l'Équateur. Le Brésil c'est aussi une puissance économique et politique de premier ordre. En 2014, le PIB du Brésil s'élève à 2 347 milliards de dollars américains, ce qui en fait la septième puissance économique mondiale, juste devant l'Italie. Le Brésil est membre de plusieurs organisations internationales, telles que l'Organisation des Nations unies, le Mercosul, le G20 et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Le Brésil est même une puissance touristique qui a le mérité d'accueillir environ 6,6millions de touristes par année (chiffres de 2016).

Malgré tous ces succès, le Brésil cache une bien triste réalité. Il reste l'un des pays où les inégalités sociales et économiques sont parmi les plus élevées au monde. En 2017, le Brésil est le troisième pays le plus inégalitaire d'Amérique latine après le Honduras et la Colombie. Ces inégalités concerne principalement les populations noires et métisses, qui représentent respectivement 7,6 % et 43 % de la population, ce qui en fait la plus grande communauté du pays, juste avant les blancs (47%). La pauvreté et la violence, deux maux de la société brésilienne touchent principalement les noirs. Malgré les politiques de discriminations positives votées sous Lula. Malgré la Journée de la conscience noire, les Afro-Brésiliens sont encore très marginalisés. Loin des clichés touristiques, la société brésilienne est à deux vitesses. D'un côté l'élite blanche confinée dans les beaux quartiers ou banlieues des grandes métropoles et de l'autre, les noirs peuplant les milliers de Favelas qui ceinturent les mégalopoles brésiliennes.

Une société de discriminations :

Parler du racisme au Brésil est un vrai tabou. Officiellement il n'y a pas de racisme au Brésil. Pourtant la démocratie raciale exhaltée par l'écrivain Gilberto Freyre (1900-1987) se veut une société idyllique où Blancs, Noirs, Indiens, Asiatiques et Libanais vivraient en parfaite harmonie n’est qu’un mythe. Au Brésil, on parle d'un racisme institutionnalisé. Si vous vous baladez dans les belles avenues de Rio, Sao Paulo, Belem ou Brasília, vous ne verrez jamais de noirs prendre de café, manger dans un restaurant, ou faire les boutiques. Dans les plus beaux commerces des centre villes, aucun employé noir et pour cause, au pays de la Samba et du foot, le noir descendant d'esclave est considéré comme pauvre, sale ou voleur.

Au pays du roi Pelé, les noirs sont jardiniers, serveurs, chauffeurs, femmes de ménage, vigiles ou quelques fois policiers. Il y a une sous représentation dans les universités, dans les grandes entreprises à des postes de cadres. Au niveau politique, il y a moins de 10 % des députés et un seul ministre, une femme , Luiza Helena de Bairrosqui ministre à l'égalité des chances sous Dilma Roussef. Certes, il y a l'exemple de Marina Silva 60 ans, militante écologiste qui s'est présentée à l'élection présidentielle de 2014, ou encore celui de Joaquim Barbosa 63 ans et ancien président de la Cour Suprême qui a renoncé à l'élection présidentielle de 2018, mais ils sont de rares exceptions.

Il est vrai qu'en 2012, la Cour suprême, plus haute juridiction du pays, a estimé que la mise en place de quotas raciaux était constitutionnelle. La loi fait donc désormais obligation aux autorités de réserver 50 % des places dans les universités fédérales (gratuites) aux élèves ayant fait leurs études secondaires dans des écoles publiques. Elle attribue aussi aux Noirs, aux métis et aux Indiens un nombre de places proportionnel à l’importance numérique des différentes communautés dans chaque État. Dans le même ordre d’idée, une nouvelle loi réserve aux afro-descendants 20 % des places dans les concours de l’administration publique, mais le racisme est encore très présent. En 2013, selon le ministère de l'Education, la proportion des Noirs dans les universités est passée en dix ans de 1,8 % à 8,8 %, mais le chemin de l'égalité est encore très loin.

En effet, même sur les plages de Rio situées dans la zone sud, le racisme s'affiche. Les plagistes Cariocas se regroupent près des postes de secours en fonction de leur classe sociale, de leur milieu professionnel, de leur couleur de peau et même de leur penchant sexuel. En 2013, l'anthropologue Julia O'Donnell publie un livre dans lequel elle y pourfend les idées reçues sur le Brésil et Rio. Pour l'anthropologue, le Brésil est raciste. « l'une des premières choses que l'on demande quand vous vous installez à Rio, quelle plage que vous fréquentez ? C'est une question qui en dit long sur votre classe sociale, sur qui vous fréquentez. On en sait un peu plus sur votre couleur de peau et la couleur de vos amis».

Le racisme sur la plage est lui aussi lié à l'histoire du pays. Avant 1890, seuls les indiens profitent de l'Océan. Après cette date, cela devient une mode pour les bourgeois qui copient l'Europe et les Etats-Unis. A la fin des années 1920, le tramway nouvellement créer emmène les classes populaires très pauvres sur les plages des quartiers riches. Par la suite, le bus puis le Métro permettent aux pauvres de relier la plage encore plus rapidement. Très vite, s'instaurent des règles discriminatoires entre les riches blancs et les pauvres noirs et métis.

La pauvreté un des plus grands fléaux du Brésil touche particulièrement les noirs.En effet, selon The Rio Times, 50 millions de Brésiliens vivent sous le seuil de pauvreté soit près de 25% de la population. Les recherches établissent que le Brésil est un pays profondément inégalitaire et que l'inégalité se produit à tous les niveaux. En ce qui concerne l'ethnicité et la couleur, la recherche montre que parmi les dix % de personnes ayant le revenu le plus faible du pays, 78,5% sont de race noire ou métisse, tandis que 20,8% sont de race blanche.

Les noirs, premières victimes des violences policières :

La police brésilienne est l'une des plus célèbre police du monde. Cette notoriété est liée aux nombreux films relatant les exploits de ces policiers d'élites, spécialistes du combat de rue. Pourtant au Brésil tout le monde craint la police, car, elle tue. Quand les policiers sont en intervention, les bavures sont nombreuses et ils ne sont jamais inquiétés par la justice. Le Brésil est l'un des pays les plus violents du Monde. Selon le think tank Mapa da violência 40 077 décès causés par une arme à feu ont été recensés en 2012. En 2015, 60.000 homicides ont été commis soit 29 morts pour 100.000 habitants, selon les dernières statistiques de l'« Atlas de la violence » Ces chiffres correspondent à une augmentation du nombre de morts de plus de 23 % en dix ans. 54 % des victimes d'homicides ont moins de 30 ans. De plus, cette violence touche principalement les noirs et les métis des grandes métropoles. Selon l'Atlas, environ 71 % des homicides atteignent des noirs, mais le taux d'homicide au sein de la population noire a augmenté de 18 % au cours des dix dernières années (pour atteindre 37,7 pour 100.000 habitants). Qui plus est, quand on est jeune et noir au Brésil, on a plus de chance de se faire arrêter qu'un jeune blanc.

Pour éviter tout incident avec la police, une vidéo a été récemment postée durant laquelle, trois jeunes noirs donnent, face caméra, des conseils de survie à leur communauté face aux forces de sécurité. « Premier conseil: ne pas sortir de chez soi tard le soir. "Malheureusement la nuit, pour les autres, tu n'es pas seulement noir mais tu es un bandit dangereux". Deuxième conseil: ne pas sortir sans papiers d'identité. Troisième conseil: ne pas sortir sans ton téléphone portable, toujours dire à tes proches où tu vas et tout enregistrer en cas d'interpellation. Quatrième conseil: ne pas emporter de parapluie car "ça a l'air bête, mais vu de loin beaucoup de gens pensent qu'il s'agit d'une arme à feu. »

Une société bâtit sur l'esclavage.

Pour comprendre le brésil, il faut comprendre son histoire et surtout, l'histoire de l'esclavage. Le Brésil a la particularité d’ouvrir et de clôturer ce chapitre sordide de l’histoire humaine. Du temps où les puissances coloniales s'adonnaient au triste commerce triangulaire, le Brésil a été l'un des plus grands importateurs d'esclaves. De l'Afrique vers le Brésil le transport des esclaves se faisait dans les cales des navires négriers. Entassés, dans des conditions inhumaines, beaucoup mouraient avant d'arriver au Brésil et leurs corps étaient jetés à la mer.

Le pays, ancienne colonie portugaise, a prospéré grâce au commerce des esclaves. Au XVIe siècle, les esclaves provenaient de royautés tribales africaines issues de Sénégambie et des régions du golfe de Guinée. (Ce qui n’est évidemment pas sans rapport avec les implantations portugaises de São Tomé et du Cap Vert.) Les premiers esclaves victimes de la traite négrière étaient donc principalement Wolofs, Peuls, Mandingues, Sérères, Mossis, Yorubas et Haoussas. Rapidement, les Bantous, à la faveur de la conquête de l’Angola par les Portugais en 1575, s’agrégèrent à la liste des peuples déportés. Les contingents d’Africains aux premières heures de l’esclavage au Brésil étaient des groupes ethniques possédant des caractéristiques culturelles communes, bien qu’usant de langues différentes. Une fois au Brésil, les esclaves étaient soumis à un maître qui avait le droit de vie ou de mort sur son "bien". Comme ailleurs sur le continent américain, la relation de maître et esclave était une relation de domination physique, psychologique et économique.

L'esclave africain pouvait ainsi être vendu, échangé, battu, mutilé ou exécuté. Il était une marchandise aliénée à la toute puissante volonté du Maître. Dans les fazendas, la division du travail s’effectuait par sexe et par âge, ce qui augure déjà de la grande différenciation dans les statuts des esclaves. Les femmes étaient aliénées aux tâches domestiques, tandis que les hommes eux, allaient travailler dans les exploitations de cannes à sucre, de café, de Cacao ou dans les mines d'or. Les conditions de travail étaient en effet extrêmement difficiles (15 et 17 heures la durée quotidienne du travail.) . Ils subissaient constamment des châtiments corporels et le fouet était la punition la plus répandue dans le Brésil colonial.

Dans ce système où l'homme noir n'était qu'une chose, un bien au service de son maître, l'esclave africain avait le choix entre deux formes de conduite, comme le relève bresilpassion,il adoptait « d'abord une conduite de survie dite de « repersonnalisation » qui passait par l’apprentissage de la langue portugaise, pour mettre fin à l’isolement relatif dont ils souffraient, et ainsi redevenir membre d’une communauté. C’est une démarche qui fut encouragée par les maîtres qui étaient conscients qu’un esclave cherchant à s’adapter était plus rentable qu’un esclave seul et désespéré. Dans cette démarche, l'esclave adoptait la religion de son maître, le catholicisme (vecteur important de l’apprentissage du portugais), au travers d’une interprétation très subjective des principes d’humilité, d’obéissance, de résignation et de fidélité qu’il prône, devint une insitution incontournable dans le système de domination de l’esclavage au Brésil. En gros, l'esclave acceptait son sort et obéissait aveuglément au maître, pour survivre.

La seconde conduite repose sur une logique de révolte et de résistance pouvant aller jusqu’au meurtre, à la fuite ou au suicide.Dans les conditions qui furent celles des esclaves, il ne fait pas de doute qu’à maintes et maintes reprises leurs vies mêmes revêtirent un caractère superflu et le suicide leur apparut bien vite comme un moyen radical de libération.»

A son Indépendance le 7 Septembre 1822, tout comme les Etats-Unis, le Brésil aura la particularité d'avoir été un pays organisateur de la Traite négrière. Dans ce pays lusophone, l'esclavage avait pris une échelle industrielle. Ainsi, on estime que 700 000 esclaves débarquent à Rio de Janeiro rien qu'entre 1790 et 1830.

Le système esclavagiste a perduré jusqu'en 1888, bien après l'abolition de l'esclavage dans les colonies britanniques en 1833, françaises en 1848 et bien après les Etats-Unis en 1865. A l'abolition de l'esclavage, les politiques de l'époque étaient préoccupés par la grand question des noirs, fallait-il les intégrer à la communauté ? Continuer de les exploiter ? Comme partout sur le continent, les anciens esclavages devaient continuer de travailler pour leurs anciens maîtres et, ils n'étaient pas si bien traiter que ça.

Un fort héritage africain :

44% des Brésiliens revendiquent leur héritage africain, descendants d'esclaves importés d'Afrique, plus particulièrement de L'Angola ou de la Guinée. Au Brésil, les signes de cette appartenance sont omniprésents. Que ça soit la musique, le Carnaval, la danse, le sport, la religion et l'art culinaire, l'héritage africain est plus que présent.

Les nombreux signes de cette influence peuvent être trouvés dans des villes comme Recife, située sur le même parallèle que Luanda, ou dans de petits villages comme Kalunga, un « quilombo » aussi connus sous le nom de « mocambo » où vivent environ quatre mille Noirs. Les quilombos sont des communautés de noirs « marrons » en fuite. Ces communautés se sont développées dès les premières heures de l'esclavage. Il existe des milliers de communautés de noirs à travers le Brésil. L'un des premiers quilombo est celui de Palmarès, fondé autour de 1630. Située entre le cours inférieur nord du rio São Francisco, en Alagoas, jusqu’au voisinage du Cabo de Santo Agostinho, au Pernambouc.

La plupart des habitants de quilombos (appelés quilombolas) étaient des esclaves fuyant les plantations et qui dans certains cas aideront plus tard d'autres esclaves africains en fuite, des Portugais, des autochtones brésiliens, Juifs et Arabes ou d'autres non Brésiliens(es) noir(e), non-esclaves qui ont vécu l'oppression pendant la colonisation.

Très organisées et autonomes, les quilombos ont vécu très longtemps à l'écart de la société brésilienne. Ces mocambos ont su garder l'héritage africain ancestral.

Avec l'arrivée d'esclaves africains au Brésil, les traditions de ces derniers donnèrent naissance à diverses religions, comme le candomblé, qui comptent des milliers de pratiquants, principalement au sein des populations descendant des esclaves africains. Au côté du candomblé, religion originaire d'Afrique occidentale, on trouve également l'umbanda, qui représente un syncrétisme du catholicisme, du spiritisme et du culte des orixas africains. Les terreiros de candomblé sont plutôt discrets de manière générale mais les fidèles se manifestent lors de grandes cérémonies, comme la « fête de Iemanja » sur tout le littoral brésilien.

Cette discrétion est dû au fait que lorsqu’ils se rendent au terreiro, les adeptes du candomblé sont parfois pris à partie dans la rue par des évangéliques qu'ils assimilent à des adorateurs du diable.

La Capoeira, l'art martial brésilien par excellence est aussi un exemple.Elle puise ses racines dans les méthodes de combat et les danses des peuples africains du temps de l’esclavage au Brésil. La capoeira est un mélange de danse et de style de combat, la danse cachant ainsi le caractère de combat, nettement utilisée par les tribus sous l’esclavage afin de masquer la violence de la danse. Malheureusement, comme le souligne l'Encrenoir, « on ne connait pas catégoriquement l’origine du mot « capoeira », plusieurs théories revendiquent son origine. Il viendrait de la langue des indiens Tupi-Guaranis et signifierait « clairière » ou « herbe rase », les esclaves en fuite auraient souvent été aperçus en train de s’entraîner dans ce type de lieu pour se défendre des maîtres qui voudraient les récupérer.Autre version : en portugais, « capoeira » désigne le poulailler ainsi que le panier en osier dans lequel on transportait ce type de volatile. Les esclaves allant au marché vendre les animaux dans leur panier en osier en profitaient pour pratiquer ce balbutiement de lutte et ce serait ainsi qu’aurait été baptisée la capoeira par transposition avec la marchandise que leurs pratiquants transportaient.

Il est très difficile de décrire en détail la genèse de cet art martial puisqu’il est né dans la clandestinité et donc n’a laissé quasiment aucun document pour raconter son histoire. Certains voient la capoeira comme totalement africaine car tout ce qui la constitue existe, ou aurait existé, sous une certaine forme en Afrique. D’autres pensent qu’elle est totalement brésilienne puisque née sur le territoire du Brésil bien qu’ayant pour créateurs des esclaves venant d’Afrique. Cependant la version la plus communément admise est qu’elle est inextricablement afro-brésilienne : pendant l’esclavage au Brésil dès le XVIe siècle, les portugais ont séparés et mélangés différentes tribus africaines pour diminuer les risques de révoltes, différentes populations se seraient retrouvés en contact et de ce regroupement hétéroclite serait né la première forme de capoeira, association de luttes et traditions africaines dans un contexte de société coloniale portugaise au Brésil.

La capoeira exprimerait une forme de rébellion contre la société esclavagiste, les premiers capoeiristes s’entrainaient à lutter en cachant leur art martial sous l’apparence d’un jeu ; ainsi quand les maîtres approchaient, le caractère martial était déguisé par la musique et les chants, le combat se transformait promptement en une sorte de danse qui trompait leur méfiance et leur empêchaient de voir caractère belliqueux de la capoeira. »

La musique est elle aussi influencée par l'héritage africain. C'est le cas de la Samba, qui puisse ses origines dans la lointaine Afrique. Les spécialistes sont partagés quant à l'étymologie.Il pourrait venir du terme semba, qui signifie vraisemblablement nombril dans la langue bantou, qui est une des langues des esclaves originaires de ce qui est actuellement l'Angola. Dans ce contexte, samba veut dire « danser avec gaieté ». En umbundu, autre langue de la région d'origine des esclaves, samba signifie « être animé, excité ». Des historiens ont remarqué la similitude de la samba avec des danses béninoises, pays dont sont issus de nombreux esclaves déportés au Brésil. Ce que l'on sait c'est que la danse est née dans les quartiers populaires de Rio de Janeiro au début du xxe siècle et notamment autour de la Praça Onze. À la fin du xixe siècle, avec l'abolition de l'esclavage, beaucoup d'anciens esclaves se sont dirigés vers cette grande cité (à l'époque capitale du pays) pour travailler dans les docks, comme vendeurs de rue ou comme domestiques. Ils ont amené avec eux leurs danses et leurs percussions africaines. La première samba enregistrée est Pelo telefone, en 1916, par le chanteur Donga. Ce n'est qu'à partir des années 1930 que la Samba va devenir le style musical officiel du Carnaval. Entre 1949-1950, les grandes écoles de Samba vont se former pour devenir aujourd'hui des institutions culturelles.

Autre exemple, le lundu ou lundum danse originaire d'Angola et importée par les portugais.

Tout n'est pas si sombre au Brésil. Il y a bien un domaine où les noirs sont présents, il s'agit du Football. Le football, importé au Brésil en 1894 par Charles Miller était pendant longtemps réservé à l'élite blanche. C’était un sport " noble" comme le golf, le tennis ou la voile. Petit à petit le Football va se démocratiser et connaître un succès dans les quartiers pauvres. Les jeunes de quartiers populaires s’amusent et jouent au football dans des matchs amateurs qui opposent les différentes favelas. Ces matchs sont surnommés les « Pelada. » Inspirés par les gestes de la capoeira ou les danses traditionnelles ils développent une agilité et une technique de jeux remarquables. Discriminés, écartés de la société, les noirs du Brésil jouent au football par plaisir et cela leur permet de s’évader des tristes réalités de leurs pays. Le football, va devenir un instrument d’émancipation pour de nombreux Afro-Brésiliens. Des favelas aux stades de Football à travers le monde, les Afro-Brésiliens deviennent des champions du football hors-pair. En 1923, une équipe composée d’Afro-Brésilien, le « Vasco de Gama » remporte avec brio la coupe de Rio de Janeiro. Le public est sous le charme. Des joueurs comme Pelé, Didi, Romario, Ronaldo, Ronaldinho et pleins d’autres vont faire les beaux jours et les joies du peuple brésilien.

Néanmoins, il reste beaucoup à faire. Les noirs sont encore peu nombreux dans le milieu de la mode, dans le cinéma ils n'ont pas les premiers rôles bien qu'ils existent des séries qui ont eu des noirs parmi les personnages principaux. Puis, quand les noirs revendiquent leurs droits, ils font face à des violences aveugles, on pense évidemment à la conseillère municipale et activiste Marielle Franco, la voix des Favelas qui a été assassinée le 14 Mars 2018. Celle qui se décrivait comme «Femme, noire, mère et issue de la favela de Maré» militait activement pour les Droits de l'Homme et la défense de sa communauté. Son meurtre reste jusqu'à présent inexpliqué. Autant dire que le chemin est long au Brésil. Un long chemin pour la liberté et la reconnaissance des noirs !

212 vues0 commentaire
bottom of page