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Une Banque de données autour de Mè 67

Dernière mise à jour : 26 mai 2022


Mè 67 une tache sombre dans l'Histoire de la Guadeloupe. Mè 67 un souvenir indélébile. Mè 67 symbole de la lutte des classes dans un contexte de guerre froide. Mè 67 symbole de la violence coloniale ou des dizaines voire des centaines d'ouvriers ont été massacrés par les forces coloniales alors qu'ils ne réclamaient que 2% d'augmentation. D'années en années les hommages se multiplient, dans la société comme dans la classe politique locale. Cette fois c'est le Conseil Départemental qui créé une banque de données autour de l'événement.

Après les hommages des nationalistes, des syndicalistes. Après les nombreuses manifestations culturelles autour du sujet. Après un vibrant hommage de la part des groupes de carnaval en 2017. C'est autour de la collectivité politique. Dans le cadre de ses actions de conservation du patrimoine, le Conseil départemental lance une campagne de collecte des mémoires de 1967. Ainsi la collectivité locale invite les Guadeloupéens qui ont été témoins directs ou indirects des événements de Mars et Mai 1967, les personnes auxquelles ces faits auraient été rapportés ou, tout détenteur de documents (écrits ou sonores) relatifs à ces périodes.

Description :

" Après une année au cours de laquelle, au travers de manifestations multiples sur tout le territoire, les Guadeloupéens de générations différentes se sont souvenus des mois de Mars et de Mai 1967, le recueil des mémoires des événements tragiques survenus à Basse-Terre et à Pointe-à-Pitre, et au-delà, de la période des années soixante, devient impératif.

En effet, si certains documents écrits et de nouveaux témoignages ont permis de révéler des faits inconnus et de prendre la mesure de ces événements, il est également clair que la vérité de la tragédie telle qu’elle a été vécue et ressentie par des centaines et des milliers de Guadeloupéens ne se trouvera pas uniquement ni même principalement dans les sources écrites d’archives publiques ou privées, déclassifiées ou non.

Beaucoup des acteurs et spectateurs de cette période sont aujourd’hui décédés ou ne sont plus en état de témoigner. Mais encore très nombreux sont ceux qui ont vu, ont entendu, ont été acteurs ou témoins directs et indirects.

C’est à eux qu’est adressé ce grand mouvement de recueil des mémoires de 67, sous l’égide du Conseil départemental de la Guadeloupe. Il qui débutera en février 2018 et se prolongera sur la durée nécessaire à la collecte et l’archivage du maximum de données.

Il s’agira d’enregistrer tous les témoignages volontaires afin de constituer une banque de données qui sera conservée aux Archives Départementales de la Guadeloupe (Bisdary, Gourbeyre) et qui sera ouverte aux chercheurs comme au grand public. Comme toutes archives orales, les mémoires des Années 67 seront recueillies dans les règles professionnelles de la collecte et de l’archivage de ce type de document, ainsi que dans le respect de la culture guadeloupéenne en pleine considération du caractère tragique et douloureux de l’événement vécu collectivement et individuellement.

Ce recueil des mémoires sera piloté par les services du Département (Archives départementales et Médiathèque Caraïbe): selon les orientations scientifiques proposées par M. Jean-Pierre Sainton, universitaire et historien.

Les collecteurs qui recevront une formation adéquate des universitaires et des professionnels de la collecte et de l’archivage ainsi qu’une accréditation attestant de la formation reçue seront des jeunes et d’autres personnes volontaires.

L’ensemble des Guadeloupéens, indépendamment de leurs opinions, et plus largement tous les témoins, sont invités à contribuer massivement à cette opération, essentielle à la préservation, la constitution et l’enrichissement de notre mémoire collective "

Rappel historique :

Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire de Mè 67, les 26, 27 et 28 Mai 1967 la Guadeloupe bascule dans une violence sans précédent. Au débat, une grève pacifique durant laquelle les ouvriers du BTP réclamaient 2% d'augmentation. Face au refus des patrons "blancs", la tension monte d'un cran et très vite, ils se confrontent aux forces de l'ordre qui n'hésitent pas à tirer à balle réelle sur eux. Le bilan est lourd, plusieurs dizaines, voire des centaines de morts sont à déplorer du côté guadeloupéen. Officiellement, il y aurait eu huit morts connus parmi eux, Jacques NESTOR - ZADIG-GOUGOUGNAM - PINCEMAILLE - Camille TARET - Guidas LANDREE. Sans oublier, les centaines de blessés civils parmi lesquels des femmes, des enfants, des jeunes, des familles, tous innocents, achevés devant chez eux, dans la rue ou à l'hopital. Sans omettre, les centaines d'arrestations et les tortures.

La tête pensante de ce massacre,Jacques Foccart. Un nom qui aura fait couler beaucoup de sang, dans l'histoire de la Ve République. Homme de confiance de la majorité des présidents, du Général De Gaulle en passant par Pompidou, sans oublier Chirac, Jacques Foccart, c'était le "Monsieur-Afrique" de la République. Pendant longtemps la FrançAfrique aura pour figure paternelle cet homme qui mettra en place un large réseau mêlant corruption, soutien militaire à des dictateurs, violence et répressions contre des populations qui ne réclamaient qu'une chose la liberté.

En Mai 1967, Jacques Foccart ordonne au Préfet Pierre Bollotte de réprimer avec violence la grève de ceux qu'il qualifie : les "indépendantistes" guadeloupéens.

Sujet tabou pendant de nombreuses années, il faudra attendre l'élection de François Mitterrand, dix-huit ans après les événements pour qu'un chiffre approximatif apparaisse : 87 morts selon George Lemoine Ministre des Outremers du Gouvernement Mitterrand. Selon, les données de l'époque, et les témoignages des locaux, la répression aurait fait entre cent-dix et deux cent morts. En 2012, François Hollande, en campagne avait promis une commission d'enquête, avec à sa tête Benjamin Stora, spécialiste de l’histoire coloniale. Sa mission s’étend d’ailleurs à d’autres événements, 1959 en Martinique et 1962 en Guadeloupe. En attendant que l'Etat fournisse une réponse, sur l'île les hommages continuent.

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