Il était une fois Le Rêve Français, où l'histoire des émigrations antillo-réunionnaises par le BUMIDOM. Le Rêve Français est sans doute la série événement à voir en 2018 sur France 2.
En France Hexagonale, il existe un cliché récurrent sur les antillais(ses). Ils sont vus comme des fainéants, de bons vivants, jovials, danseurs de Zouk, et grands buveurs de rhum, avec un accent très prononcé que, beaucoup tentent d'imiter. Quand ils travaillent, ils sont soient infirmiers(ères), brancardiers, facteurs, gardiens(niennes) d'immeuble, ou guichetières au bureau de Poste. Cependant, rares sont ceux qui connaissent la réelle histoire de l'immigration antillaise dans cette Métropole froide et peu accueillante.
Avec Le Rêve Français, les ignorants rattraperont ce retard. La série devrait sortir courant du premier trimestre 2018, raconte l'histoire de deux familles, la famille RÉNIA et la famille TRÉSOR, dans une Guadeloupe post-coloniale en proie aux bouleversements sociaux des années 1960.Ces deux foyers vont connaître à travers plusieurs générations des destins mêlés et singuliers entre leur terre d’origine et la France Hexagonale.
Ce film de 2 x 90 minutes, d'un coût de production de 5,1 millions d € est en partie financé par France Télévision, a été tourné en France, mais aussi en Guadeloupe avec des prises de vue sur Pointe-à-Pitre(pour les scènes relatant la répression de Mè 67), du Mémorial Acte, de la plage de Bois Jolan.
A la production, on retrouve,l'actrice et productrice martiniquaise France Zobda notamment connue pour son rôle d'Ariane dans Adieu foulards de Christian Lara. Au casting, nous retrouvons, Firmine Richard, Jacques Martial, Laurence Joseph, Jocelyne Bérouard, Aïssa Maïga, Yann Gaël et Ambroise Michel (Plus belle la vie).
LE RÊVE FRANÇAIS fait écho au film LE GANG DES ANTILLAIS de Jean-Claude Barny, sorti en salle fin 2016 et disponible en DVD. L’histoire vraie de 4 jeunes antillais qui ne parviennent pas à trouver leur place dans la société française des années 70. Trahis par le BUMIDOM, ils commettent une série de braquages médiatiques, par vengeance et par nécessité.
Synopsis :
De 1963 à nos jours, des familles d’Outre-Mer vont connaître des destins mêlés et singuliers entre leurs terres d’origine et la Métropole. Le Bumidom (Bureau de Migration d’Outre-Mer) déclencha de nombreux départs d’Ultra-Marins entre 18 et 35 ans avec l’appel de la Loi Debré, leur proposant une vie meilleure, un "El Dorado" suite à la crise et au chômage dûs à la fermeture des industries sucrières. Samuel, Doris, originaires de Guadeloupe et Charley, de la Réunion sont de ceux qui ont franchi le cap de leur "Rêve français" faisant de notre France celle qu'elle est aujourd’hui, une France empreinte de cette richesse culturelle, de cet imaginaire du "tout-Monde"
Une série qui raconte le BUMIDOM :
A travers cette série, le réalisateur Christian Faure a voulu raconter l'histoire du BUMIDOM (Bureau de Migration d’Outre-Mer), organisme créé par Michel Debré en 1963, en période de chômage lié à la crise de l’industrie sucrière aux Antilles et à La Réunion, pour favoriser l’émigration de milliers d'antillais et de réunionnais, entre 18 et 35 ans vers cette France, considérée comme l'El Dorado.
Pour la petite histoire, tout remonte aux années 60. La seconde guerre mondiale est terminée, l'Algérie prend son indépendance, la France qui se reconstruit a besoin de main d'œuvre. Dans le même temps, dans les départements d'Outre-mer, et notamment aux Antilles la situation économique est des plus mauvaises. L'économie sucrière décline, le chômage devient endémique. Les Dom connaissent une explosion démographique, et une volonté d'indépendance se fait entendre. Le gouvernement craint des révoltes. L'ex-premier ministre et député de la Réunion Michel Debré a alors l'idée de faire venir les jeunes ultramarins dans l'Hexagone. En 1963, le Bumidom est créé.
Placé sous la tutelle du ministère des DOM-TOM et du ministère de l'Économie. les missions du BUMIDOM sont multiples : information des futurs migrants, formation professionnelle, regroupement familial, gestion des centres d'accueil.
Le Bumidom a occasionné de manière directe la venue en France, notamment en région parisienne, de 70 615 personnes nées outre mer auxquelles l’administration faisait miroiter une vie meilleure et qui n’obtinrent que des emplois médiocres de plombiers, servantes, gardiens d'immeuble, facteurs etc . Selon les chiffres, entre sa création et décembre 1981, la Guadeloupe et la Martinique ont émis respectivement 16 562 migrants et 16 580 migrants tandis que La Réunion en a émis 37 473, soit plus de la moitié du total. Ils sont majoritairement originaires du sud de l'île, des Avirons à Saint-Philippe.
Bien qu'au début, l'émigration organisée par le Bumidom n'a d'abord été qu'une émigration de travail, elle est devenue par la suite avec la multiplication des procédures de regroupement familial, au début des années 1970 une migration de peuplement. De fait, les migrants ne passent plus toujours par les foyers provisoires de travailleurs comme durant la première décennie. Ils se fixent définitivement dans des chambres meublées en centre-ville ou surtout en banlieue avec les autres populations émigrées. Mieux diplômées, les femmes désormais plus nombreuses sont orientées vers l'aumônerie et le secteur paramédical.
Le BUMIDOM a aussi influencé indirectement l'arrivée d'autres migrants ultramarins dans le cadre du service militaire ou d'une mutation de la Fonction publique.
Fortement contesté, en 1968 les bureaux de son antenne parisienne sont saccagés. Sur les murs des inscriptions sont taguées: "A bas l'impérialisme français et ses valets. Vive les Antilles libres". Derrière la propagande, se cachait une réalité, le déracinement mais aussi le racisme, la précarité, la violence. " Quel que soit le niveau d'instruction des migrants, ils furent embauchés à des tâches subalternes devant prouver que leur niveau était au-dessus de leur apparence, d'autres se firent happer par la pègre (énormément d'histoires de drogue et de prostitution, de disparitions…). Ce racisme sous-jacent contribua à un enfermement psychologique de ces gens qui ne pouvaient plus exister pour ce qu'ils étaient vraiment... "
Au début des années 80, plus de 260 000 Domiens ont migré dans l'Hexagone. En 1981-82 le Bumidom disparaît, au profit de l'ANT: Agence nationale pour l'insertion et la protection des travailleurs d'Outre-mer, à la suite de l'arrivée de la gauche au pouvoir. L'ANT, elle-même, deviendra LADOM, l'Agence de l'Outre-mer pour la mobilité.
Aujourd'hui,environ 364 800 personnes originaires de l'Outremer vivent en France. Bon nombre sont issus de cette émigration institutionnalisée. C’est un Antillais sur quatre et un Réunionnais sur sept ; les antillais se sont plutôt fixés dans l’agglomération parisienne, les réunionnais dans le sud de la France. Leur taux d’emploi et leur niveau de formation sont comparables à ceux des autres métropolitains. Les Domiennes travaillent essentiellement dans la fonction publique, territoriale ou hospitalière, les Domiens dans les secteurs des transports, de la logistique, de la poste ou du bâtiment. Qu'on le veuille ou non, le BUMIDOM c'est notre histoire.
source :La 1ère, Allociné, 50nuancesdenoir.com