50 ans après les événements de Mè 67, la tragique fusillade est désormais devant le Tribunal. Des proches de victimes des évènements de mai 1967 ainsi que plusieurs organisations syndicales ou culturelles ont assigné en référé l'Etat Français devant le Tribunal de Grande Instance de Pointe-à-pitre ce vendredi matin. Ils demandent la lumière sur ces deux jours tragiques, ainsi que l'ouverture des dossiers d'enquête de l'époque. Une demande de renvoi a été demandée. Le dossier reviendra devant la même juridiction le 29 septembre prochain.
Une audience en référé sur les évènements de mai 67 devait se tenir ce vendredi matin devant le tribunal de Pointe-à-Pitre. Des familles de victimes, mais aussi le LKP, l’UGTG et AKIYO ont assigné l’Etat Français, le Maire de Pointe-à-Pitre et le gendarme de l’époque pour répondre des faits d’assassinat, de crime contre l’humanité et de recel de crime.
Finalement, suite à de nouvelles pièces communiquées par les plaignants, un renvoi a été formulé par la défense. L’affaire reviendra donc le 29 septembre.
Sur son site, le syndicat UTC UGTC détaillait l'action menée : " 50 ans après les massacres des 26, 27 et 28 mai 1967, la Guadeloupe pleure encore. Des morts jetés à la mer, empilés dans des fosses ou enterrés en pleine nuit dans le plus grand secret. Nou pa savé. Men les criminels eux, savent. Grâce à la ténacité de nombre de Guadeloupéens, notamment des historiens et malgré le brouillage mis en place par la République Démocratique de France, la vérité prend forme. Et il apparaît que ce massacre a été exécuté par les militaires français à la demande de l’Etat Français dirigé par De Gaulle, et commandité par le patronat et les ‘’grandes familles de Guadeloupe’’, sous l’égide du fameux Foccart. AUJOURD’HUI, NOUS EXIGEONS LA VÉRITÉ, TOUTE LA VÉRITÉ AUTANT SUR LES EXÉCUTANTS QUE SUR LES COMMANDITAIRES DE CET HORRIBLE MASSACRE. Ce crime ne peut rester impuni. Les morts réclament justice. Les vivants réclament justice. C’est le sens de l’audience du 23 Juin 2017 au TGI de Pointe-à-Pitre. Des familles de victimes, des victimes mais aussi LKP, l’UGTG, le Mouvman Kiltirèl AKIYO ont assigné L’Etat Français, le Maire de Pointe-à-Pitre et le gendarme Delanoix pour répondre des faits d’assassinat, de crime contre l’humanité et de recel de crime. Sa pa pasé adan on dòt péyi men isidan, an Gwadloup é sé nou menm yo tchouyé."
Pour rappel les 26, 27 et 28 Mai 1967 la Guadeloupe bascule dans une violence sans précédent. Au départ, une grève pacifique durant laquelle les ouvriers du BTP réclamaient 2% d'augmentation. Face au refus des patrons "blancs", la tension monte d'un cran et très vite, ils se confrontent aux forces de l'ordre qui n'hésitent pas à tirer à balle réelle sur eux. Le bilan est lourd, plusieurs dizaines, voire des centaines de morts sont à déplorer du côté guadeloupéen. Officiellement, il y aurait eu huit morts connus parmi eux, Jacques NESTOR - ZADIG-GOUGOUGNAM - PINCEMAILLE - Camille TARET - Guidas LANDREE. Sans oublier, les centaines de blessés civils parmi lesquels des femmes, des enfants, des jeunes, des familles, tous innocents, achevés devant chez eux, dans la rue ou à l'hopital. Sans omettre, les centaines d'arrestations et les tortures. La tête pensante de ce massacre,Jacques Foccart. Un nom qui aura fait couler beaucoup de sang, dans l'histoire de la Ve République. Homme de confiance de la majorité des présidents, du Général De Gaulle en passant par Pompidou, sans oublier Chirac, Jacques Foccart, c'était le "Monsieur-Afrique" de la République. Pendant longtemps la FrançAfrique aura pour figure paternelle cet homme qui mettra en place un large réseau mêlant corruption, soutien militaire à des dictateurs, violence et répressions contre des populations qui ne réclamaient qu'une chose la liberté. En Mai 1967, Jacques Foccart ordonne au Préfet Pierre Bollotte de réprimer avec violence la grève de ceux qu'il qualifie : les "indépendantistes" guadeloupéens. Sujet tabou pendant de nombreuses années, il faudra attendre l'élection de François Mitterrand, dix-huit ans après les événements pour qu'un chiffre approximatif apparaisse : 87 morts selon George Lemoine Ministre des Outremers du Gouvernement Mitterrand. Selon, les données de l'époque, et les témoignages des locaux, la répression aurait fait entre cent-dix et deux cent morts. En 2012, l'ancien président François Hollande, en campagne avait promis une commission d'enquête, avec à sa tête Benjamin Stora, spécialiste de l’histoire coloniale. Sa mission s’étend d’ailleurs à d’autres événements, 1959 en Martinique et 1962 en Guadeloupe. Depuis aucune nouvelle de cette commission. Cette année a été marquée par diverses manifestations autour de Mè 67 avec notamment des hommages rendus durant le carnaval