Depuis le 01er Janvier, les rues des grandes villes de la Guadeloupe s'animent aux rythmes des différents groupes. Deux mois de fêtes, de défoulement mais aussi de concours où les groupes se distinguent par l'originalité de leurs costumes et de leur musique. Durant deux mois, les groupes s'affrontent lors des parades organisée à travers l'archipel. Parmi eux, on trouve, les "gwoup a po " qui ont marqué de leur empreinte, le paysage carnavalesque.
Le Carnaval est la période que les guadeloupéens ne ratteraient pour rien au monde. Carnaval c'est la période où les groupes se défient en terme de musicalité, de déguisement. Le mot d'ordre : être original ! Le carnaval est aussi la période durant laquelle, les Gwoup à Po sont de sortie et présentent les différents déguisements traditionnels.
Qu'est ce qu'un gwoup a po ?
Dans une définition simple, on peut dire que le gwoup a po ou "Màs a Po" utilisent des tambours à peau d’animal, des chachas et cornes (ou conques) à lambis. Sur la région Pointoise ils jouent la musique "Sen Jan" (Saint Jean) (ex : le groupe Akiyo) et sur la région Basse-terrienne c'est plus généralement la musique Gwo Siwo qui est jouée (ex: le groupe Voukoum). Leur marche est vigoureuse et ils sont souvent surpeuplés.
Présents dans le paysage carnavalesque depuis les années 1960-1965, les "Gwoup a Po" ont marqué la culture guadeloupéenne. Normal, ils ont puisé dans ce que les ancêtres avaient légué aux guadeloupéens, ils les ont remis au goût du jour. C'est dans un contexte social difficile : répression de 1967, grèves ouvrières, apparition des mouvements indépendantistes, qu'apparaîtront dans les quartiers populaires de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre, les premiers "Gwoup a Po" , Akiyo et Voukoum (aux sonorités bien distinctes) devenus depuis, les piliers du "Mas" traditionnels. Pour ces groupes, il s'agissait d'affirmer la culture guadeloupéenne, par des instruments tels que le "Ka" et des masques rendant hommage à la lointaine Afrique mais également aux peuples amérindiens qui jadis peuplaient les îles de l'Archipel. Longtemps réprimés, car contestataires, les "Gwoup a Po" se sont imposés dans le paysage carnavalesque guadeloupéen. Ils sont même devenus incontournables.
L'objectif du mas a po était de permettre à la classe populaire de la Guadeloupe de participer au carnaval, héritage de l’Europe esclavagiste, avec ses propres codes. Loin du strass et paillettes des groupes dits à caisse claire, les membres des gwoup a po créent des costumes à partir d'éléments naturels, roukou, gwo sirop issu du sirop de canne à sucre, vêtements usagés, tissus de vieux draps, feuilles de bananiers,feuillage etc.. Ces costumes feront naître des masques ou mas traditionnels encore présents dans le carnaval guadeloupéen :
Mas a lan-mò, mass a konn, mas a fwet, mass a miwa, mass a kongo ou mass a goudwon, mass a rubans, mass a hangnion ou mas a rannyon, mas a Lous, mass a roukou ou Mas a woukou, mass a zonbi ...
Autre élément majeur du mas a po, le fouet qui a plusieurs symboliques :
1) l'histoire rendre hommage aux esclaves fouettés durant l'esclavage mais aussi,
2) chasser les mauvais esprits avec le claquage du fouet.
La musique des gwoup a po :
Entre les chachas, les tambours chants, les basses, les contres basses et la conque à lambi, la musique du gwoup a po se différencie des groupes à caisse claire qui utilisent des instruments plutôt modernes, que sont la trompette, le saxophone, la caisse claire de batterie, la cloche, le triangle... Le mas a po va réinventer une musique de défoulement, de vidé, en s’inspirant des rythmes du Gwo ka, tels le mendé, le toumblack , le takout’ des rythmes issus du gwo ka musique traditionnelle phare de l'archipel, mais la musique du mass a po diffère entre Pointe-à-Pitre et Basse-Terre. En effet dans la région pointoise, les gwoup a po, ont hérité de la rythmique du premier gwoup a po Mas a Senjan qui avait pour objectif principal la mise en lumière des valeurs guadeloupéennes dans un territoire en quête de liberté. Tandis qu'à Basse-Terre, le groupe Voukoum, dès sa création en 1988, préférera joué un autre style : celui du mas gwo siwo hérité du mas a nerplat : dont l'instrument principal est le tanbou-ka.
Musique issue du mas a senjan :
Musique du mas gwo siwo :
Le Carnaval guadeloupe est avant tout le résultat d'un syncrétisme à la fois religieux et culturel. Il est représentatif de la population qui peuple aujourd'hui l'archipel guadeloupéen.
Comme le rappel Jean-Pierre Sainton cité dans le Dossier Presse : " Le carnaval en Guadeloupe, dont le contenu est essentiellement résumé au mot « MAS », est incontestablement devenu une des figures actuelles de l’authenticité culturelle de ce pays et de ce peuple. Mais il convient de bien s’entendre sur ce que l’on voudrait dire par « authenticité ». L’histoire ne serait sans doute pas, en dépit de certaines fausses évidences, la piste la plus probante, la voie la plus directe et la plus lisse de recherche de l’authenticité. Les origines du carnaval antillais, et spécialement celui de Guadeloupe, sont lointaines et sinueuses."