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La Réunion : "Les enfants de la Creuse" un souvenir indélébile, malgré les excuses.


Généralement,quand on évoque l'île de La Réunion, il nous vient l'idée de l'évasion à travers des paysages de rêve répartis entre ciel et montagne. Quand une nouvelle tragique survient, il s'agit principalement des requins, mais pourtant, il subsiste un souvenir indélébile, qui fait toujours très mal : "Les enfants de la Creuse." Ces jeunes réunionnais arrachés à leurs familles pour repeupler les départements touchés par l'exode rural, notamment celui de La Creuse.

Le 22 Décembre 2016 dernier, nos confrères de la 1ère évoquait, la tenue d'une prochaine audition des enfants réunionnais de la Creuse. Cette audition menée par cinq experts de la commission nationale chargée d'enquêter sur cette migration forcée est présidée par le sociologue et maître de conférences en sociologie, Philippe Vitale, spécialiste de cette question. Elle aura lieu le 6 Janvier 2017 au Ministère des Outremers et le 8 janvier à Guéret dans la Creuse.

L'audition est la promesse qu'avait faite l'ancienne ministre des outremers, George Pau Langevin qui avait installé en février dernier une commission d'information et de recherche historique sur la migration forcée des "Enfants de la Creuse". Avec l'arrivée au poste d'Ericka Bareigts, première réunionnaise a brigué le poste de ministre des outremers et qui rappelons le s'est investie pleinement dans l'affaire des Réunionais de la Creuse en participant à la promulgation de la Loi Mémorielle, concernant "les enfants de la Creuse", cette affaire pourra enfin être mise en lumière.

Justement, la première fois, où nous avions évoqué "Les enfants de la Creuse" c'était dans notre article du 26 Mai 2015, où nous parlions de la diffusion du film de Marie Roux : "A court d'enfants"

Par la suite avec l'arrivée d'Ericka Bareigts au Gouvernement en Février 2015, comment ne pas évoquer, son combat pour la reconnaissance de ce fait historique, qui, jusqu'à présent fait mal. C'est d'ailleurs elle qui était intervenue le 18 Février 2014 à l’Assemblée Nationale afin d’émettre une proposition de Loi Mémorielle faisant référence aux enfants de la Creuse.

Pour ceux qui n'ont jamais entendu l'histoire douloureuse des "Enfants de la Creuse", tout remonte aux années 1960-80. De 1963 à 1982 pour être plus exact. Durant près de vingt ans, l'État a transféré, vers la métropole, plus de 1.600 enfants réunionnais, âgés de 6 mois à 18 ans, pour repeupler les départements touchés par l'exode rural. Placés dans des familles, ou considérés comme de la main-d'oeuvre facile, certains en ont gardé des séquelles psychologiques à vie.

A la tête de ce système migratoire, Michel Debré, premier ministre du Général de Gaulle et député de l'île de La Réunion qui sera aussi le créateur du BUMIDOM. Cette politique de migration résulte de la chute du taux natalité de ces départements, notamment renforcée par l’exode rurale.

Certains facteurs économiques et sociaux défavorisants tels que surnatalité, l’accroissement démographique immodéré, le chômage massif, l’illettrisme ou encore l’alcoolisme ont poussé la mise en marche de cette politique sur l’île de la Réunion.

Plus de 1615 enfants de six à dix-huit ans qui ont été répartis dans différentes régions de France. Il leur a été fait la promesse ainsi qu’à leurs familles respectives, d’un avenir meilleur. Cependant, avant le départ de ces jeunes enfants, des « actes d’abandon » ont été demandé au service de l’action sociale. Certains ont été placés dans des centres d’accueil de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) à leurs arrivées.

A partir de 1967, les services sociaux commencent à prendre connaissance de l’échec de cette politique d’immigration. Des fugues, des suicides jusqu'aux internements en psychiatriques, ces enfants se sont trouvés profondément déstabilisés.

Dépourvus de leurs noms de familles et de toutes relations avec leur île, ils ont subi divers traumatismes tant physiques (violences corporelles, violes, maltraitance) que moraux (discriminations, traumatismes du dépaysement et du déracinement) et pourtant la migration a continué.

Le plus aberrant, c'est le fait que l'ensemble des enfants aient été considérés comme "orphelins" or, aujourd'hui, on sait qu'ils ne l'étaient pas tous.C'était même une minorité, nombre de ces enfants avaient des parents. Incités par les assistantes sociales, des centaines de parents illettrés signent des procès-verbaux d'abandon qu'ils ne peuvent pas déchiffrer. Ils ne reverront jamais leurs enfants.

En 1975 la notion de « déportation » commence à être évoquée. Ces enfants devenus adultes, se disent encore perdus, essayant de retracer leurs origines et de renouer les liens avec leurs île natale. Petit à petit, la parole s'est libérée et ils ont commencé à dévoiler leurs histoires et à se battre pour la République Française les reconnaisse.

Le débat sur les Enfants de la Creuse a longtemps divisé et divise encore. Ainsi, plusieurs associations militent pour que ce « transfert » soit considéré comme une « déportation ». A l’opposé, certains chercheurs ont déclaré ne pas considérer cela en tant que tel, puisque ce transfert d’enfants ne serait pas comparable avec d’autres événements dramatiques qualifiés de déportation (tel que la Shoah). Ce débat concernant l’utilisation du terme approprié pour désigner ces événements reste toujours ouvert.

Le combat est devenu politique. De nombreuses personnalités politiques ont également réagi sur ce sujet, c'est le cas d'Huguette Bello, députée de la deuxième circonscription de La Réunion qui s'exprimait sur le sujet le 18 Février 2014 à l’assemblée nationale.

Une intervention émouvante, faisant référence à l’histoire dramatique de ces enfants. Ces événements sont depuis peu, reconnus par la Loi Mémorielle (loi imposant le point de vu officiel d’un Etat sur des événements historiques) voulu par Ericka Bareigts. En février 2016, l'ancienne ministre des Outremers, inaugurait au ministère, les travaux de la commission d'information et de recherche sur les «enfants de la Creuse».

Avec Ericka Bareigts à la tête du ministre, cette audition est un pas de plus vers la reconnaissance, mais attention, l'Etat a déjà prévenu, il n'y aura pas de réparation.

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