On l'attendait, le public s'impatientait, il est là. Le National Museum of African American History a été inauguré hier, en présence d'un panel de personnalités de la politique américaine, parmi lesquelles le président Barack Obama, premier président noir de l'histoire américaine.
Dans notre édition du 12 Janvier 2016, nous vous en parlions. Le National Museum of African American History and Culture c'est son nom, était en court de réalisation. L'inauguration était prévue pour la fin Septembre et la promesse a été tenue.
Le National Museum Of African American History & Culture, c'est ce musée comparable au Mémorial Acte en Guadeloupe, traitant exclusivement de l'histoire des Afro-Américains, passant au crible les méandres de l'histoire américaine : esclavage, ségrégation, lutte pour les droits civiques et élection du premier président noir des Etats-Unis. Le musée a pour ambition de réconcilier les américains avec leur histoire. En effet, le musée met en avant l'histoire de la plus grande minorité visible des Etats-Unis et traite du rôle que les Africains-Américains ont joué dans l'histoire de cette jeune nation. De l'esclavage à la Guerre de Sécession, en passant par la ségrégation et la lutte pour les Droits Civiques, sans oublier l'élection du Premier Président Noir des Etats-unis, tout y est !
C'est un véritable pied de nez au racisme toujours enraciné et aux nombreuses bavures policières, qui endeuillent la communauté noirs des USA.
En effet, l'idée d'un lieu rendant hommage à la communauté afro-américaine, a été pensée par d'anciens combattants de la Guerre de Sécession en 1915, pour glorifier leurs actions sur le champs de bataille. Par la suite, c'est l'idée d'un musée qui viendra pour au final être oublier, suite à la crise économique qui frappa les Etat-Unis en 1929. L'idée sera reprise par les militants anti-ségrégation dans les Années 1950-1960 à l'époque où les Etats-Unis étaient secoués par les nombres manifestations pour les Droits-Civiques. L'idée sera une nouvelle fois oubliée, face aux refus des hommes politiques blancs de l'époque. C’est finalement en 2003 que le projet va enfin être validé par le Congrès. Sa conception a été confiée en 2009, à l'architecte Ghanéen, résident à Londres, David Adjaye, qui notamment le concepteur du Musée d'Art Contemporain de Denver, le Centre du Prix Nobel de la Paix.
Pour un budget avoisinant les 500 millions de $ le National Museum of African American History & Culture est en partie financé par les finances publiques et l'autre moitié vient de promoteurs privés, rajoutons à cela des dons privés provenants de différents chanteurs et acteurs afro-américains parmis lesquels Opra Winfrey qui a donné la modique somme de 13 millions $US. David Adjaye s'est inspiré des motifs d'une couronne Yoruba pour le design du musée.
A l'intérieur du NMAAHC vous trouverez des objets issus de la période esclavagiste, beaucoup appartenant à d'anciens esclaves et d'anciens maîtres : des entraves de pied, une hutte d’esclaves, des objets du quotidien dans la plantation et un châle porté par l’abolitionniste Harriet Tubman, sans oublier des fouets. Il y a également des objets appartenant aux Buffalo Soldiers, ces anciens esclaves devenus soldats durant la Guerre de Sécession, mais aussi des objets tels que des clats de vitraux et une cartouche provenant de l’attentat contre l’église de la 16e rue à Birmingham (Alabama), en 1963, qui avait tué quatre fillettes noires. De plus, plusieurs portraits d'inventeurs, scientifiques, hommes politiques et hommes d'affaires noirs, trôneront dans des salles, accompagnés par leur biographie.
L'inauguration de ce musée d'un genre historique a été confiée à Barack Obama premier président noir de l'histoire américaine. Devant une foule de plusieurs milliers de personnes, en grande majorité noires, et en présence de son prédécesseur, Georges W. Bush, qui avait autorisé le lancement du projet en 2003, le président s’est félicité de l’ouverture, maintes fois ajournée, d’un tel musée, estimant qu’« une grande Nation ne se cache pas la vérité ». Et c’est en président afro-américain qu’il s’est exprimé, donnant à l’inauguration de ce lieu culturel une dimension politique.
Le président Obama s'exprimait en ces termes : « Nous ne sommes pas un fardeau pour l’Amérique, nous sommes l’Amérique », a-t-il déclaré devant une foule enthousiaste. « Moi aussi, je suis l’Amérique.. L’histoire afro-américaine n’est pas séparée de l’histoire américaine, elle en est une partie centrale..Ce musée va permettre de raconter une histoire plus riche, plus complète de ce que nous sommes. Il va nous aider à nous parler, à nous écouter les uns les autres et surtout, à nous voir les uns les autres. »
En référence aux mouvements de protestations qui ont émaillé l’histoire des Afro-américains et qui perdurent aujourd’hui dans la société, le président a rappelé qu’« aimer son pays et protester » sont deux attitudes qui non seulement« coexistent mais s’enrichissent ». « Ce musée peut, peut-être, aider un visiteur blanc à comprendre la souffrance et la colère de manifestants, dans des endroits tels que Ferguson et Charlotte », a-t-il ajouté, en référence à deux villes où des émeutes ont éclaté après la mort d’un Noir tué par la police, en 2014 à Ferguson (Missouri), et ces derniers jours à Charlotte (Caroline du Nord).
Dans la symbolique du moment, l'ouverture du musée a assurée par Ruth Bonner, afro-américaine de 99 ans, fille d'esclave du Mississipi.
Posé à l’ombre de l’obélisque du Washington Monument et au cœur des mémoriaux et musées qui fondent l’identité nationale américaine, à mi-chemin du Congrès et de la monumentale statue d’Abraham Lincoln, qui mit fin à l’esclavage, l’imposant bâtiment de six étages évoque une couronne africaine composée de 3 600 plaques forgées – hommage au travail des esclaves dans les Etats américains du Sud aux XVIIIe et XIXe siècles.
Trois thèmes majeurs sont abordés : l’esclavage, la ségrégation, la culture et le sport. Sur près de 40 000 mètres carré, dans un entrelacs de galeries, le visiteur va découvrir plusieurs milliers des 33 000 objets collectés depuis treize ans.
Visiblement, très attendu, les tickets d’entrée – gratuits, comme l’accès à tous les musées nationaux gérés par la Smithsonian Institution – se sont arrachés en quelques heures et il faut attendre le mois de décembre pour avoir une chance d’y accéder.
Vous l'aurez, le National Museum of African American History and Culture c'est le lieu où les Africains-Americains mais aussi l'ensemble des Américains,quelque soit leur origine, pourront découvrir la richesse de la culture afro-américaine et l'impact qu'elle a eu dans l'essor économique et culturel des Etat-Unis.