Depuis une trentaine d'années en Occident, la situation des homosexuels évolue vers la positive. Entre le pacs, le mariage et l'adoption, le sort des gays a changé, pourtant dans le monde, notamment dans la Caraïbe et même aux Antilles-Françaises, nombreux sont les homos qui ne peuvent pas jouir pleinement de leur droit et vivre pleinement leur sexualité. Certains se font violenter, d'autres choisissent de se taire et pour le reste, c'est le chemin de l'exil.
Etre homosexuel aux Antilles-Françaises et dans la Caraïbe est très souvent un sujet tabou. Entre les railleries, les violences, les harcèlements et le rejet des amis et de la famille, nombreux sont les gays caribéens qui choisissent de se taire. Face à une situation difficile, beaucoup choisissent le chemin de l'exil. La France ou le Québec pour les Antillais francophones, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis pour les anglophones, la Hollande pour les antillais-néerlandais. C'est un exil forcé et douloureux qu'ils optent pour se sentir digne d'être un homme. En quittant leurs pays, ils savent qu'ils ne reviendront jamais.
La colonisation et le christianisme vont de pair dans la région caraïbe. Importée avec l'arrivée des colons européens, la religion chrétienne a longtemps joué un facteur social. Celui ou celle qui ne croyait pas en Dieu, qui n'était pas baptisé, qui ne faisait pas ses sacrements était renié. Le prête faisait quasiment parti de la famille. Dans certaines familles, c'était même une fierté d'avoir un fils dans les ordres. Avec l'influence de la religion, tout comportement déviant était châtié, à l'époque, ils s'appuyaient et s'appuient jusqu'à présent sur des paroles bibliques (Genèse 1:27, 28) : "Et Dieu se mit à créer l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa.28 En outre, Dieu les bénit et Dieu leur dit : “ Soyez féconds et devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la ; tenez dans la soumission les poissons de la mer, et les créatures volantes des cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre. ” ou dans les Proverbes (Proverbes 5:18,19) : "Que ta source d’eau soit bénie, et réjouis-toi avec la femme de ta jeunesse, 19 biche digne d’amour et charmante chèvre de montagne. Que ses seins t’enivrent en tout temps. Sois constamment grisé par son amour"
Vous l'aurez compris la bible désaprouve l'homosexualité mais ce que l'on ne dit pas c'est qu'elle désapprouve l'homophobie : comprenez la haine des homosexuels, comme l'atteste cette phrase "Honorez [des hommes] de toutes sortes, aimez toute la communauté des frères, craignez Dieu, honorez le roi." (Pierre 2:17).
De plus la Bible reconnaît même le droit à la différence, qu'elle souligne dans Romain 7:21-25 : "Je trouve donc cette loi dans mon cas : quand je veux faire ce qui est juste, ce qui est mauvais est présent chez moi. 22 Je prends en effet plaisir à la loi de Dieu selon l’homme que je suis intérieurement, 23 mais je vois dans mes membres une autre loi qui fait la guerre contre la loi de mon intelligence et qui m’emmène captif vers la loi du péché qui est dans mes membres. 24 Homme misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps voué à cette mort ? 25 Grâces [soient rendues] à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ! Ainsi donc, par [mon] intelligence, moi je suis esclave de la loi de Dieu, mais, par [ma] chair, [je suis esclave] de la loi du péché." En contradiction avec elle-même, elle invite dans Colossien 3-5, les hommes ou les femmes aux tendances "déviantes" à combattre ses pulsions, qu'elles considèrent comme des péchés, "Ne soyez pas dominés par votre corps. Tuez tout désir pour les relations sexuelles mauvaises "
Avec le temps, et l'évolution des mentalités notamment en Europe ou en Amérique du Nord, la situation des homosexuels a évolué. Condamnés, violentés par le passé, désormais, ils peuvent se pacser, se marier, divorcer et même dans certains pays adopter des enfants, pourtant malgré ce fait dans la Caraïbe francophone, anglophone néerlandophone ou hispanophone, le cas des homosexuels reste un sujet tabou. Dans la quasi totalité des pays de la Caraïbe, même aux Antilles-Françaises et Néerlandaises où les lois sont les mêmes que la métropole coloniale, l'homosexualité est réprouvée, par la famille, les voisins, les amis, beaucoup optent pour le départ car la pression psychologique est trop forte. Quand ce n'est pas le harcèlement, c'est la violence, comme ce fut le cas pour l'agression d'un jeune guadeloupéen de 19 ans séquestré et torturé pendant cinq jours à cause de son orientation sexuelle. En Guadeloupe, chez les 15-24 ans, six hommes sur 10 et près d'une femme sur deux assimilent l'homosexualité à "une sexualité contre nature" ou à "un problème psychologique", selon une étude de l'Observatoire régional de Santé menée en 2011-2012. Sur l'ensemble de la population, 68% des hommes et 61,5% des femmes pensent de même.
A la Martinique, malgré le mariage en 2013 de deux lesbiennes Raymonde et Myriam, les mentalités n'évoluent pas, des élus comme l'ancien maire du Vauclin Raymond Occolier refusent d'appliquer la loi en se basant sur la Bible.D'autres prétextant que l'histoire du mariage dans la Caraïbe n'était pas la-même qu'en Occident. Pour la société civile, l'homosexualité est même vue comme une tare, une maladie. Aux Antilles-Françaises, le mot "Makomè" en Guadeloupe, "Makoumè" à la Martinique, qui signifie "homo" ou "pédale" est l'insulte suprême. Quand un père antillais élève son fils, il lui dit: « Arété pléré kon makomè ! Ou ka mété zanno, ou sé on ti makoumè ! » comprenez : "arrête de pleurer comme une pédale..Tu mes des anneaux, tu es un homo"
Qui plus est, des chanteurs antillais ont même appelé à tuer et à brûler les homosexuels, comme ce fut le cas en 2001 pour Admiral T au début de sa carrière, lorsqu'il chantait « Batty Boy Dead Now » (« à mort les pédés maintenant »). En 2003, dans «Gwadada» (« Guadeloupe »), il dressait la liste des malheurs qui selon lui frappent la Guadeloupe : le chômage, les agressions, les conflits sociaux, la sorcellerie, la drogue, l'insécurité routière… et l'homosexualité. En 2004, dans « Burn Pédofil » (« Brûlez les pédophiles »), il assimilait homosexualité et pédophilie et chantait : « Pédofile sé papa macoumè ! » (« Un pédophile c'est un père pédé ! »). Ce fut le cas pour le chanteur KRYS avec sa chanson "MACDOOM DEAD " où il s'en prend à un Antillais originaire de l'île anglophone de Sainte-Lucie, voisine de la Martinique, et dont la télé-réalité a rendu célèbre l'ambiguïté sexuelle dans la Caraïbe.
Chansons, railleries, moqueries ou insultes, malgré cela, les Antilles-Françaises sont même plus tolérantes que leurs voisines anglophones.
A la Jamaïque par exemple, le code pénal interdit les relations sexuelles entre les hommes, comme c'est le cas dans la plupart des îles Caraïbes de langue anglaise. L'article 76 de l'Acte sur les offenses contre les personnes établit : « Quiconque sera déclaré coupable de l'abominable crime de bougrerie, commis avec un être humain ou avec un animal, pourra se voir emprisonné et condamné au travail forcé pour une peine allant jusqu'à dix ans. » L'article 77 ajoute : « Quiconque tentera de commettre ledit abominable crime, ou coupable de tentative de le commettre, ou de quelque acte indécent sur une personne de sexe masculin, sera coupable de délit, et condamné de ce fait à être emprisonné jusqu'à sept ans, avec ou sans travail forcé. » L'article 79 va plus loin : « Toute personne de sexe masculin qui, en public ou en privé, commet, ou participe à la perpétration, ou apporte de l'aide à la perpétration d'outrage à la pudeur sur une autre personne de sexe masculin, sera coupable de délit, et condamné de ce fait à discrétion de la Cour à une peine de prison ne dépassant pas deux ans, avec ou sans travail forcé. » L'outrage à la pudeur" n'est pas défini, mais a été interprété comme incluant toute conduite homosexuelle masculine entre adultes consentants en privé.
Outre la pression judiciaire, les Gay Jamaïcains subissent des pressions sociales, entre les agressions physiques, les menaces, les insultes et les chansons dance-hall invitant à les tuer, on pourrait parler de chanteurs comme Sizzla ou Buju Banton connus pionniers du genre. Dans ces chansons, les chanteurs de dance-hall appellent tout simplement a torturé, brûlé et tué quiconque ne répondant pas à la stricte distribution des rôles dévolus aux hommes et aux femmes.
Selon Amnesty International, « Des hommes et des femmes homosexuels ont été battus, agressés à l'arme blanche, brûlés, violés ou se sont fait tirer dessus en raison de leur sexualité", et les gays et les lesbiennes forment l'une des « communautés les plus marginalisées et persécutées en Jamaïque ». De plus, la police ne recueille pas de statistiques sur les agressions sur des homosexuels, les policiers ne prennent même pas le temps de recueillir les plaintes ou n'interviennent tout simplement pas sur les lieux d'agressions d'homosexuels.
Selon le site Gayvoyageur, plusieurs pays de la régions sont considérés comme extrêmement homophobes comme la Barbade, la Grenade, Guyana, Haïti, Jamaïque,Sainte-Lucie, Trinidad & Tobago. En outre, nombreux sont les pays de la Caraïbe, qui ne reconnaissent pas les droits homosexuels, parlons de Antigua et Barbuda, la Colombie, la République dominicaine, la Dominique, l'Équateur, le Honduras, le Vénézuéla et même certains Etats- des Etats-Unis. Pourtant nombreux sont les hommes politiques de ces pays qui admettent en privé que ces lois sont désuètes, et que l'ouverture est nécessaire pour lutter contre le VIH . Mais les efforts pour les moderniser ont échoué .En 2001, la législature du Guyana a adopté un amendement constitutionnel interdisant la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle , mais le président a bloqué. Lors d'un référendum le 7 Juin dans les Bahamas , les électeurs ont refusé d'interdire la discrimination selon le sexe . Même si la proposition ne mentionne pas l'homosexualité , le «non» , soutenu par les chrétiens fondamentalistes , a averti que cela pourrait ouvrir la voie pour le mariage gay , et semble avoir été largement cru. Oui, il faut le dire, les églises chrétiennent se sont constituées en lobby, et empêchent toute évolution sociale. Elles ont une influence sur la politique, car les hommes politiques caribéens les utilisent comme une puissante machine électorale.
Il existe des pays dans la Caraïbe où la situation des homosexuels a évolué, c'est le cas du Suriname qui depuis quelques années est devenu le refuge de nombreux homos caribéens. En effet, le Suriname est l’un des rares pays, avec la Guyane Française, les Antilles-Françaises et Cuba, à ne pas criminaliser l’homosexualité. Vestige de la colonisation hollandaise, la capitale Paramaribo est un refuge pour de nombreux LGBT fuyant la haine homophobe de leur île d’origine.
Pourtant avec la légalisation du mariage homosexuel dans les pays occidentaux, le tourisme homosexuel devient un enjeux économiques pour ces îles. Nombreux sont les homosexuels "blancs" fortunés qui aimeraient partir en lune de miel dans les îles. Face à cette nouvelle manne financière, les gouvernements de la Caraïbe pourraient être amenés à changer les institutions de leur pays, s'ils ne veulent pas perdre en clientèle...
E.L.M.S pour TheLinkFwi