Le 4 Février 1794 : La Convention abolissait l'esclavage en Guadeloupe en Guyane et à Saint Domingue (Haïti). En effet, vous êtes nombreux à connaître qu'une seule date d'abolition de l'esclavage, celle de 1848, mais il y en a eu une première, c'était le 4 Février 1794. A l'époque, on disait XVI Pluviôse An II de la Révolution (4 Février 1794) date à laquelle, la Convention Nationale fait appliquée l'Abolition de l'esclavage dans les Colonies Françaises du Nouveau Monde.
Le décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises a été voté par la Convention le 16 pluviôse an II(4 février 1794) qui prévoyait une abolition de l’esclavage dans les colonies françaises sans indemnisation des propriétaires. Il suit et confirme l’initiative des commissaires civils de Saint Domingue Sonthonax et Polverel.
Cette décision prend racine, au début de l'année 1789 où en France, des milieux intellectuels commençaient à réfléchir sur une possible Abolition de l'esclavage des noirs, dans les îles à sucre. Ce mouvement intellectuel des Lumières permis l’éclosion d’un petit mouvement d’opinion en faveur de l’abolition de l’esclavage ( Pétion, abbé Raynal...). Le 19 février 1788 se crée la Société des Amis des Noirs comprenant en particulier Condorcet et Mirabeau. Dans les îles à Sucre, de St Domingue à la Guadeloupe en passant par la Guyane, les révoltes d'esclaves étaient de plus en plus nombreuses et l'annonce de la Révolution à Paris renforçaient le désir de liberté des esclaves noirs.
Les principales révoltes et événements aux Antilles et Amérique latine sont les suivants :
* 13 et 14 octobre 1789 Insurrection du bataillon colonial de Cayenne
* 11 et 12 avril 1790, révolte d’esclaves en Guadeloupe
* novembre 1790 : insurrection des hommes libres de couleur à saint Domingue
* du 4 au 6 décembre 1790, révolte d’esclaves en Guyane
* janvier 1791, révolte d’esclaves à Port-Salut
* juin 1791, révolte d’esclaves à l’Ouest de Saint-Domingue
* 22 23 août 1791, début de la grande révolte des esclaves dans le Nord de Saint-Domingue.
* 4 décembre 1791 : Adresse des esclaves insurgés à l’Assemblée
* 21 décembre 1791 : Echec des négociations entre l’Assemblée et les chefs noirs insurgés.
* 6 août 1792 : les esclaves insurgés battent l’armée française du gouverneur de Saint-Domingue.
* janvier 1793 : Soulèvement des esclaves de Port-au-Prince (Haïti)
* Dans la nuit du 20 avril 1793, soulèvement des esclaves dans l’île de Trois-Rivières, au sud de la Guadeloupe. Un véritable soulèvement général éclate ensuite dans la grande île proche de Saint Domingue sous la direction du remarquable Toussaint Louverture.
Face à toutes ces révoltes, les colons s'organisèrent en Assemblée Coloniale le 8 Août 1790, dont le but était de se protéger et de porter leurs droits à Paris. A cette période, les tensions entre les mawons(esclaves en fuite) et colons étaient à leur paroxysme, la violence routinière.Malgré tous ces événements rapportés, la France Métropolitaine reste sourde aux demandes venues des colonies du Nouveau Monde, sans doute trop occupée par sa révolution. Une première tentative d'interdire la Traite Négrière échoue le 13 Mars 1790. C'est à cette date que la Convention Nationale accorde des Droits aux Mulâtres et aux noirs Affranchis. Du 7 au 15 mai 1791, le débat sur les colonies et les droits des "gens de couleur" revient à l’ordre du jour de l’Assemblée. Les députés des colonies, planteurs de souche noble, menacent de déclarer l’indépendance des îles si une telle décision est prise. Leur argumentation repose sur le respect du droit de propriété formulé à l’article 17 de la Déclaration des Droits "La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité ».
Le 15 mai 1791, l’Assemblée décide cependant l’égalité de droit entre tous les hommes libres. Le 24 septembre 1791, ce décret est annulé. Le 28 mars 1792, l’Assemblée législative confirme l’égalité de droit entre tous les hommes libres, sauf les esclaves.
C'est Danton, dans un objectif bien plus politique qu' humaniste, qui relance l'idée d'abolir l'esclavage dans les colonies françaises : « Oui, lançons la liberté dans les colonies ; c’est à présent que l’Anglais est mort ! ». Car cette époque, la France en guerre contre les Nations Européennes, est menacée par l'armée royale anglaise qui, à plusieurs reprises tentera de s'accaparer des îles de St Domingue, de la Guadeloupe,de la Martinique et de Tobago. Pour exemple à St Domingue, face à la menace d'abolition, les Grands Planteurs feront appellent à la Royal Navy, pour leur venir en aide, afin de protéger leurs intérêts et maintenir l'esclavage sur l'île. C'est Toussaint Louverture, esclave affranchit qui à la tête d'une armée de noir, chassera les anglais de toute l'île de St Domingue.
Il faudra attendre le 4 Février 1794 pour que la Convention, abolisse enfin l'esclavage dans toutes les possessions françaises. Cette décision aura des conséquences politiques dans les îles à sucre. En Guadeloupe, les anglais sont chassés presque immédiatement, en mai 1794, par un ancien corsaire d’origine marseillaise, Victor Hugues, à la tête d’un millier d’hommes. Beaucoup de planteurs choisissent d’émigrer et leurs propriétés sont mises sous séquestre par les représentants de la République. Victor Hugues, nouveau maître de l’île, fait immédiatement appliquer le décret de Pluviôse mais les esclaves, à peine libérés de leurs chaînes, sont aussitôt astreints à travailler comme salariés sur les plantations. Beaucoup se révoltent en 1797 contre leurs nouveaux maîtres (Blancs ou affranchis de couleur au service de la République). S'en suivra une répression sanglante qui touchera à la fois, les grands planteurs mais aussi les esclaves libérés. En Martinique, les Békés(grands planteurs) conscient de leur pouvoir, réclament la protection de la Marine Anglaise, qui restera jusqu'en 1802, avec le Traité d'Amiens où ils restituèrent l'île de la Martinique à la France. A St Domingue, Toussaint Louverture fort de ses succès militaires, annexe la partie espagnole de l’île. Il rétablit la prospérité en imposant, comme en Guadeloupe, le travail forcé. Le 8 juillet 1801, il proclame l’autonomie de Saint-Domingue et se nomme Gouverneur général à vie de la nouvelle République. Les Mascareignes (La Réunion et l'Île-de-France) ne l'ont pas non plus appliqué, devant l'opposition de l'administration locale.
Par la loi du 20 mai 1802 (30 floréal an X), le Premier Consul Napoléon Bonaparte ne restaure pas l'esclavage, ni à la Guyane, ni à Guadeloupe, ni à Saint Domingue, puisque l'abolition y est déjà appliquée, mais, le maintient partout où la loi du 4 février 1794, n'a pas encore été administrée (aux Mascareignes : La Réunion, l’île de France - Maurice - et Rodrigues, mais aussi, à La Martinique, Tobago, Saint Martin et Sainte Lucie, îles récemment restituées à la France par l'Angleterre, avec le traité d'Amiens du 25 mars 1802). Après ces territoires, le premier consul déjà opposé à Toussaint Louverture, décrétera le rétablissement de l'esclavage à St Domingue et en Guadeloupe. Sans doute dans un but stratégique, car la guerre entre la France et l'Angleterre grondait. S'en suivra une guerre, qui opposera l'Armée Napoléonienne aux généraux noirs attachés aux idées républicaines. En Guadeloupe Ignace, Delgrès.. tente de résister aux hommes du Général Richepance, dont le but était de reprendre le contrôle de la colonie, et désarmer les généraux noirs républicains.
(Louis Delgrès)
Tandis qu'à St Domingue, l'armée Napoléonienne emmenée par le Général Leclec, s'enlise dans un conflit qui l'oppose aux rebelles de Jean-Jacques Dessalines. Elle finira par capituler, après la bataille de Vertières le 18 Novembre 1803. Par la suite, Jean-Jacques Dessalines déclarera l'Indépendance de St Domingue, qui prendra le nom amérindien, d'Ayiti : Haïti le 1er Janvier 1804.
En mars 1815, de retour de l’île d’Elbe, Napoléon décrète une abolition immédiate de la traite des Noirs. Sa décision, pourtant confirmée par le traité de Paris du 20 novembre 1815, reste lettre morte après la restauration de la monarchie.
Il faut attendre le décret pris le 27 avril 1848 sous l’impulsion de Victor Schoelcher, pour voir l’esclavage légalement aboli sur l’ensemble du territoire français.
E.L.M.S pour TheLinkFwi@