Contactés par Nankin Joël, lui-même, nous apprenons la création d'une association. Son nom : Contre le Silence et l'Oubli. L'association a vu le jour, suite à la découverte d'ossements sur la plage de Raisin Clair, plusieurs personnalités locales, des artistes engagés notamment s'étaient mobilisés pour demander le respect et la dignité de nos ancêtres esclaves décédés. Aujourd'hui, en conférence de presse, elle sera officialisée et le combat pour la dignité commencera.
Nous sommes au début du mois de novembre 2015, une vidéo fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elle révèle la présence d’ossements sur la plage des Raisins Clairs à Saint-François, mais montre aussi le comportement inapproprié des baigneurs et autres utilisateurs de la plage qui au mépris de cette présence, vaquent tranquillement à leurs activités., dans l'indiférence générale. Après recherches, il s’avère que ces ossements sont issus d’un cimetière d’esclaves dont l’existence est connue des pouvoirs publics puisque des investigations
archéologiques ont été menées en 2013. Quoiqu’il en soit, force est de constaté qu’a ce jour, aucune mesure de protection et de préservation du site n’a été prise. Touché par la situation, le plasticien et homme engagé Joël Nankin lance un appel à la mobilisation.
Quelques jours après, le 11 Novembre 2015, un rassemblement citoyen est organisé. L'appel est entendu par les politiques qui se rendront sur place et feront comme à leur habitude des promesses. A cette occasion, des échanges ont lieu avec le maire de la commune Laurent Bernier accompagné de quelques conseillers et techniciens. L'ancien Président de Région Victorin Lurel fit lui-même le déplacement et participa aux échanges et promit une aide de la Région, pour la préservation du site.
Le 28 novembre 2015, une partie des mobilisés se retrouve et décide de la création d’une association intitulée « Contre le silence et l’oubli ».
Le but de l'Association, est de sensibiliser les guadeloupéens sur la question de l'histoire, mais aussi de préserver, sécuriser, protéger et mettre en valeur les lieux de mémoire de Guadeloupe, par le biais de manifestations et d'actions qui seront menées sur l'ensemble du territoire. Elle a pour vocation, d’amener la population guadeloupéenne et les décideurs politiques à mesurer l’intérêt de la prise en compte du patrimoine, de la culture et des lieux de mémoire dans le développement économique et touristique de l’ile. Comparabble au travail de l 'UNESCO au niveau mondial, l'Association Contre le Silence et l'Oubli, souhaite sensibiliser toutes les parties prenantes au développement touristique au potentiel économique et durable d’un bon management des biens culturels.
Ce n'est pas la première fois que l'on retrouve des ossements sur la plage de Raisin Clair, c'est même un secret de polichinelle. En effet, les anciens connaissaient l'enplacement des squelettes sur la plage. Puis,dans les années 1990 : un crâne associé avec un collier de servitude était découvert sur le sable. Dans les années 2000, des squelettes apparaissaient sur le sable. En 2013, une campagne de fouilles archéologiques est menée, est découvert un cimetière d’époque coloniale datant du XVIIe au XIXe siècle.Il s’agirait d’un cimetière d’esclaves, dans lequel se trouveraient entre 500 et 1000 sépultures. Aujourd'hui, Raisin Clair est l'une des plages, les plus touristiques de l'île où touristes et locaux se prélassent dans l'indéférence générale, à la vue des os. Réunis en Association, les Guadeloupéens demandent le respect et la dignité pour leurs ancêtres.
Mot du président de l'Association :
« Nous avons au moins eu l’honneur d’y participer... »
Louis Delgrès.
A l’heure où les doutes s’emparaient des troupes retranchées dans le Fort
Delgrès entre le 14 et le 24 mai 1802, cette phrase prononcée par le colonel
Louis Delgrès raisonne encore dans nos cœurs. Près de deux siècles plus tard, NOU, Peuple de Guadeloupe, sommes encore confrontés à l’oubli, au désintéressement, voire même au rejet de notre ancestrale résistance. La résignation vis-à-vis de notre douloureuse genèse gagne du terrain, pourtant nous avons l’intime conviction que tout reste à faire. Aussi, nous nous dressons fiers, et unis contre la perte de repères des générations à venir. Conscients qu’un combat conséquent a déjà été mené par nos prédécesseurs, nous revendiquons l’absolue nécessité d’y participer à notre tour. En effet, trop peu d’entre nous ne peuvent se représenter physiquement certains sites incontournables de notre histoire. Trop de citoyens désireux de se recueillir devant leurs ancêtres sont en déshérence. Trop d’esprits vifs à la recherche de leur identité finissent par adopter celle d’autrui faute de meilleur choix. C’est avec cette foi inébranlable en notre capacité de résistance que l’association « Contre le Silence et l’Oubli » a vu le jour le 28 novembre 2015. Une lueur d’espoir pour les générations futures de pouvoir enfin faire de nos doutes une force, pour qu’à leur tour ils puissent avoir l’honneur de défendre leur culture."
Gilles ANDUSE
Président de l’association « Contre le Silence et l’Oubli »
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