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Claudine Gay, fille d’immigrés Haïtiens, et première présidente Noire de l'université d'Harvard

A 52 ans, Claudine Gay s'apprête à diriger Harvard, la prestigieuse institution fondée en 1636. L'annonce a été rendue publique jeudi 15 décembre sur le site internet de l'université, après un long processus de recrutement et plus de 600 candidatures. Elle n'est pas la première femme à la tête de l'institution mais elle est la première femme noire à la diriger et c'est historique.



L'histoire que nous allons vous raconter est digne d'une success story à l'américaine. D'ailleurs, l'histoire se déroule bien aux Etats-Unis et elle est vraie. Elle raconte le parcours d'une afro-descendante d'origine haïtienne, fille d'immigrés et qui se retrouve à cinquante-deux ans à la tête de l'une des plus grosses, plus anciennes et plus renommées des Universités américaines : Harvard, membre de la fameuse Ivy League. Cette histoire est celle de Claudine Gay et c'est historique.


Fille d'immigrés haïtiens et originaire de New York, Claudine Gay est la fille d'un salarié du corps d'ingénieurs de l'armée américaine et d'une infirmière, tous les deux venus aux Etats-Unis depuis Haïti.


"Ils sont arrivés aux Etats-Unis avec très peu et ils sont allés à l'université tout en élevant notre famille, L'université était toujours une attente pour moi. Mes parents croyaient que l'éducation ouvrait toutes les portes." a-t-elle déclaré à la Harvard Gazette.

Au cours de son enfance, elle a vécu en Arabie Saoudite, en raison du travail de son père. Elle vit désormais à Cambridge avec son époux et leur fils.


Un parcours exemplaire :


Après l'obtention de l'équivalent du baccalauréat en 1988 dans le lycée privé Philips Exeter Academy dans le New Hampshire, Claudine Gay poursuit ses études à Standford. Elle y obtient un bachelor d'économie en 1992, décrochant par la même occasion le prix Anna Laura Myers pour la meilleure thèse de premier cycle. Elle découvre ensuite les sciences politiques à Harvard où elle y écrit sa thèse terminée en 1998. Une fois encore, elle obtient le prix Toppan qui récompense la meilleure thèse en sciences politiques.


Reconnue pour son travail en sciences sociales et politiques, elle devient professeur permanent à Stanford puis est recrutée par Harvard où elle devient professeur d'études africaines et afro-américaine en 2007.


Claudine Gay est donc considérée comme une spécialiste des politiques des minorités. Ses cours ont porté sur des sujets tels que la politique raciale et ethnique aux États-Unis, la politique des Noirs dans l'ère post Droits Civiques, les comportements politiques américains et la citoyenneté démocratique.




En 2017, deux ans après avoir été la première femme nommée à la tête de la faculté de sciences sociales, la plus grande d'Harvard, Claudine Gay met en place un nouveau programme. Intitulé "Inequality in America", il vise à financer et mener des recherches multidisciplinaires sur les inégalités sociales et économiques et comporte aussi un volet d'accompagnement postdoctoral. Il comporte plus de 70 professeurs affiliés et constitue une réussite pour elle dont les travaux sur l'intérêt des minorités raciales pour la politique ainsi que les relations entre les groupes afro-américains et latinos font référence.


Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences, elle a aussi fondé et dirigé l'Initiative sur les inégalités en Amérique à Harvard, un travail multidisciplinaire visant à dynamiser l'enseignement et la recherche de Harvard sur les inégalités sociales et économiques, souligne Penny Pritzker, à la tête du comité de sélection de la nouvelle présidente.


Elle succède à Lawrence Bacow président de la prestigieuse institution fondée en 1636. Celui-ci va donc quitter la présidence de l'université la plus réputée au monde. A 70 ans, ce fils d'une survivante du camp de concentration d'Auschwitz souhaite se concentrer sur sa vie de famille. Il avait annoncé son départ en juin dans un message adressé aux étudiants.




Claudine Gay n'est pas la première femme à la tête d'Harvard mais elle est la première femme noire à occuper le post :


En s'installant à la tête d'Harvard, Claudine Gay va en devenir la première femme noire présidente et également la deuxième femme de l'histoire à ce poste. La première était Drew Faust, qui a dirigé l'université pendant onze ans, de 2007 à 2018. Claudine Gay était aussi la première femme à diriger la faculté des sciences sociales d'Harvard lorsqu'elle en a pris la direction en 2015.


Comme le souligne le site Challenges : l'année prochaine, cinq des huit universités américaines de la Ivy League vont être dirigées par des femmes. En plus d'Harvard, ce sont Dartmouth, l'université de Pennsylvanie, Brown et Cornell qui vont avoir une présidente.


Toujours selon le site économique, la chercheuse va occuper un poste particulièrement exposé et au budget colossal. La dotation de l'université s'élevait à 50,9 milliards de dollars au 30 juin, selon le Wall Street Journal. Une somme qui sert notamment pour financer les bourses d'études, la recherche ou d'autres projets de développement universitaire. Cela correspond à plus de cinq fois le budget de la justice en France, qui s'élève pour l'année 2023 à 9,57 milliards d'euros, selon le projet de loi de finances présenté à l'Assemblée nationale.


Pour autant, selon le site spécialisé The Crimson, la valeur de la dotation de l'université a perdu 2,3 milliards de dollars cette année.


Une nomination en pleine tempête qui fait grincer des dents du côté des néoconservateurs


Sa nomination, intervenue après un processus de plusieurs mois qui a généré plus de 600 candidatures, est annoncée alors qu'Harvard, première au classement mondial des universités de Shanghai depuis 20 ans, est au cœur d'un débat majeur sur la discrimination positive au sein de la très conservatrice Cour suprême des États-Unis.


Claudine Gay aura à gérer plusieurs crises au sein même d'Harvard, parmi lesquelles, des accusations de discrimination aux admissions.


En effet, Harvard est dans l'attente d'une décision de la Cour Suprême des Etats-Unis après la plainte en 2014 d'un collectif intitulé "Students for fair admissions" que l'on pourrait traduire par "étudiants pour une admission équitable" et à la tête duquel on trouve un certain militant néoconservateur Edward Blum. Ce dernier a attaqué en justice l'utilisation par l'école de "boosts" qui consistent à augmenter la diversité raciale au sein de ses classes. L'objectif est de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des Etats-Unis et d'augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques ou amérindiens dans l'enseignement supérieur.





La Cour Suprême s’est penchée sur la question de la discrimination positive par l’origine ethnique dans les procédures d’admission privées et publiques américaines, celles de Harvard et de Caroline du Nord, lundi 31 octobre 2022, près de vingt ans après le dernier arrêt rendu sur le sujet. Durant près de cinq heures d'audience, la plus haute cours de justice à analyser les procédures d'admission dans les plus vieilles universités privée et publique du pays, celles d'Harvard et de Caroline du Nord, qui prennent en compte la couleur de la peau ou l'origine ethnique de leurs candidats dans l'évaluation de leurs dossiers.


La plus haute juridiction américaine, à majorité conservatrice, se dit prête à reconsidérer la jurisprudence sur la discrimination positive basée sur l’origine ethnique, dans les universités américaines. Ainsi, les universités d’Harvard et de Caroline du Nord sont aujourd’hui accusées de discriminer les étudiants asiatiques au profit des étudiants afro-américains, hispaniques et amérindiens.


La discrimination positive par l’origine ethnique en matière d’enseignement est déjà interdite dans neuf états aux États-Unis. La Cour Suprême, en interdisant l’utilisation de ce critère dans le processus d’admission, mettrait fin à des décennies de politique d’affirmative action dans les universités américaines.


L'objectif est de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des États-Unis et d'augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques ou amérindiens dans l'enseignement supérieur, mais ces politiques ont toujours été critiquées dans les milieux conservateurs qui les juges opaques et y voient du racisme inversé. La décision finale sera rendue en juin 2023.


Claudine Gay prendra ses fonctions le 1er juillet 2023 à l'université située à Cambridge, près de Boston.






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